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Au cœur du désir féminin


Être une femme, vivante et vibrante, passe par l’accueil de son désir sexuel. Celui-ci permet de vivre la rencontre avec l'homme, dans l’union des corps et des cœurs et l’ouverture à la vie. Marie Bareaud, sexologue, auteur du site marie-bareaud.fr et des parcours en ligne « Être femme » et « Moi, toi, nous : les clefs pour vivre heureux en couple », nous donne son éclairage sur ce thème.

Zélie : Comment naît le désir sexuel féminin ?

Marie Bareaud : Le désir vient d’un ou plusieurs facteurs. Il dépend par exemple de comment je me sens dans mon corps de femme : je peux sentir le désir sexuel de la même façon que je peux ressentir la faim. On peut aussi avoir du désir du fait d’éprouver un sentiment amoureux. Ou quand on a le désir de vivre l’altérité, c’est-à-dire de se sentir femme en étant dans les bras d’un homme. Il existe également ce qu’on appelle le désir hormonal, qui survient autour de l’ovulation.

Quels sont les signes du désir ?

Le désir se manifeste dans le corps, et pourtant, nous ne savons pas toujours en décoder les signes. Les signes du désir sexuel sont proches de ceux que l’on a quand on éprouve le désir de manger : une sensation au niveau du ventre et une pensée presque obsessionnelle tant que le désir n’est pas assouvi. La femme perçoit une lubrification vaginale, une chaleur et une respiration plus rapide.

Même si le désir peut être d’abord mental, le corps suit. Parfois, je peux vivre du désir dans ma tête ou dans mon cœur, mais mon corps ne suit pas et m’invite à m’interroger sur mon désir. Il est important de repérer son désir ou son absence de désir. Par exemple, une absence de lubrification montre qu’il n’y a pas de désir.

Qu’est-ce qui peut inhiber le désir chez les femmes ?

Cela vient parfois de croyances sur la sexualité, et qui peuvent être : « La sexualité, c’est sale » ou « C’est réservé aux filles faciles ». Il peut y avoir la peur d’être vue comme appréciant la sexualité. Un vécu, tel qu’une violence corporelle – sexuelle ou non –, peut faire percevoir la sexualité ou le désir masculin comme dangereux ; pour ne pas se mettre en danger, le désir est donc inhibé. Ou encore, un manque de vibration dans le couple peut jouer : le cœur ne vibre plus, donc le sexe non plus. L’absence de désir vient parfois d’un manque de désir dans sa vie en général. Il arrive aussi que parmi les couples pratiquant les méthodes naturelles de régulation des naissances – qui ne sont pas la cause de ce problème -, certains perçoivent plus fortement l’impossibilité de s’unir que la possibilité de vivre leur désir ; ils peuvent avoir besoin de se faire accompagner pour ne pas être frustrés et vivre davantage dans le désir et la vie.

Quand une union sexuelle n’est pas possible au moment où la femme éprouve du désir pour son amoureux, comment peut-elle accueillir néanmoins ce désir ?

Cela peut être l’occasion d’un moment d’intimité : par exemple, danser ensemble, pour un temps de vibration commune. Il s’agit de laisser circuler le désir pour ne pas le bloquer en soi, par la respiration notamment. L’écoute de son désir suscite aussi l’envie d’aller de l’avant dans d’autres domaines.

Comment développer un bel imaginaire amoureux et sexuel ?

Lire ou relire le Cantique des cantiques, lire des livres, écouter de la musique ou regarder des films qui parlent d’amour et de sexualité tout en permettant de se sentir grandie. La beauté, celle des paysages par exemple, nourrit également l’éros.

Quels autres moyens favorisent les conditions du désir ?

Cela peut passer par le corps, qui vient suppléer le mental, en étant à l’écoute de ses cinq sens. On peut également se demander où l’on est en panne avec son désir : est-ce que cela vient d’une situation de couple peu harmonieuse, par exemple ? Certaines femmes sont dans une attitude de sacrifice, au sens négatif : elles disent se sacrifier, mais elles ne se respectent pas elles-mêmes dans cet acte, ce n’est alors pas un véritable acte d’amour ; et elles accumulent de la rancœur. On peut aussi vérifier où l’on en est dans les sources de satisfaction dans sa vie.

Comment le désir de la femme et celui de l’homme peuvent-ils dialoguer, malgré - ou grâce à - leurs différences ?

La femme est calée sur la lune - car cyclique - et l’homme sur le soleil. La polarité sexuelle de la femme est dans son cœur, tandis que celle de l’homme est dans son sexe. Ces différences conduisent à des expressions du désir différentes. Dieu nous a faits différents et cette différence est un trésor à découvrir ! Accueillir le désir de l’homme comme un cadeau pour la femme permet de changer de regard. En effet bien souvent, l’homme vit son désir comme encombrant pour la femme, du fait que la femme le vit comme encombrant pour elle-même... Prendre conscience que la façon que l’autre a de vivre l’amour est complémentaire de ce que je vis, crée de l’ouverture et permet de se mobiliser.

Comment le désir sexuel évolue-t-il au fil des âges de la vie ?

Si la sexualité est vécue comme une contrainte, le désir va s’éteindre de plus en plus. Même chose si sa vie ne correspond pas à ce que l’on voudrait. Au contraire, si la femme entretient son désir, celui-ci devient facile et source d’épanouissement. Elle sent que cela la nourrit ; sinon, quelque chose meurt en elle. Certaines variations du désir sont également liés aux événements, comme celui de donner naissance à un enfant. Une femme qui n’est pas en couple ou qui est veuve peut permettre à son désir de devenir autre chose : par exemple, un amour vers ses proches et vers le monde.

Y a-t-il un lien direct entre désir sexuel et désir d’enfant ?

En effet, le désir d’enfant peut être facteur de désir sexuel ; il s’agit en fait d’un désir maternel. Quand le désir est uniquement maternel, cela peut mettre le couple en difficulté parce l’homme se sentira désiré seulement en quelque sorte comme une « machine à sperme ». Concernant les couples en espérance d’enfant, ils ne doivent pas hésiter à se faire accompagner en sexologie et en thérapie de couple. Je pense aussi que certains couples en parcours PMA (1) ont une difficulté à attendre un enfant, non pas du fait d’une infertilité mais parce qu’ils vivent trop peu de relations sexuelles. Et ce d’autant plus lorsque le désir sexuel entre eux était surtout un désir maternel.

Quand on souffre de ne pas avoir d’enfant, cet être qui dit l’amour selon l’équation « 1 + 1 = 3 », combien particulièrement a-t-on besoin de vivre une relation à plus grand que nous, en réalisant que Dieu est présent dans l’union des corps ! Cela vaut le coup d’accompagner la relation de couple en même temps que de faire les examens médicaux nécessaires. Plus le couple se fait aider, moins difficile sera le chemin à parcourir ! Propos recueillis par Solange Pinilla

(1) Notons que la Procréation Médicalement Assistée pose par ailleurs certains problèmes éthiques. Lire « Quelques réponses à l’infertilité » (Zélie n°14).



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Crédit photo : uizclas/Pexels License

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