Juliette Jude : la peinture comme une évidence
- Zélie
- il y a 1 heure
- 4 min de lecture

« Jamais je ne ferai le même métier que mes parents ! » Cette phrase, Juliette Jude l’a prononcée pendant son adolescence. Ses parents s’appellent Amandine et André Jude et ils sont peintres. Son grand-père François Legrand l’est également. Son arrière-arrière-grand-père, Mathurin Méheut, est un peintre breton qui a son musée à Lamballe (Côtes d’Armor).
Enfant, Juliette voyait sans cesse ses parents le pinceau à la main ; ses cinq frères et sœurs peignaient aussi ; mais elle a décidé d’emprunter sa propre voie. Une année de médecine, une licence Biologie santé, un an de bénévolat, puis un an de service civique dans une micro-ferme en Bourgogne.
C’est là que le virus des pinceaux l’a rattrapée : « J’ai donné des cours de peinture à des jeunes. Et j’ai constaté que cet attrait pour la peinture revenait. » Quand une amie des ses parents lui parle de l’école où va aller son fils, le Conservatoire de dessin et de peinture de Paris, elle n’hésite pas : c’est là qu’elle doit se rendre !
Elle y apprend le dessin académique, qui demande de nombreuses heures, loin de la peinture sur le vif - « sur le motif » -, assez rapide, pratiquée jusqu’ici. « J’avais déjà la maîtrise technique, mais ce cadre m’a été bénéfique. J’y ai aussi rencontré Matthieu Bourgade, professeur et propriétaire de la galerie Severo à Paris. Aujourd’hui, je donne des cours de dessin et de peinture dans son atelier. »
Il y a 3 ans, Juliette a décidé de se lancer « à fond ». Elle a quitté Château-Gontier et sa Mayenne natale pour Paris. Elle a également suivi une licence d’arts plastiques à distance, où elle a notamment étudié l’histoire de l’art et la philosophie de l’art - elle qui avait jusqu’ici « un rapport instinctif » à l’art. Pour garder un revenu stable, elle travaille également à mi-temps dans la fabrication de bijoux chrétiens avec l’artiste Fleur Nabert.
Le premier tableau que Juliette a vendu à un inconnu - pas à sa grand-mère - était une Vue de Versailles exposée lors de la Nuit de la création à Versailles, qui représentait un coucher de soleil sur le Grand Canal. Elle a vu avec émotion cette œuvre la quitter définitivement.
En juin 2025, la jeune femme s’est lancée dans un tour de France artistique pendant plusieurs semaines, ses pinceaux à la main. « Depuis deux ans, j’avais envie de partir, de tout lâcher. Mon oncle m’a vendu un véhicule utilitaire, où j’ai installé mon lit et mes affaires de peinture. Pendant un mois, j’ai parcouru seule la côte Atlantique jusqu’à Hossegor, puis je suis passée par le Gers, le Tarn, Marseille, avant de remonter par l’Auvergne et de finir en Bretagne chez des amis. J’ai dormi sur de petits parkings, où je discutais avec des retraités. »

Même quand il pleuvait, Juliette a installé son chevalet en plein air. « Quand j’ai un coup de cœur sur un paysage, je "cadre" mon sujet comme une photographe, et je peins, sachant que la lumière peut changer très vite. » Juliette a exposé des œuvres nées de ce tour de France, fin octobre 2025, à la galerie Severo à Paris. C’était, à 26 ans, sa première exposition personnelle.
Douée d’un pinceau plutôt impressionniste, Juliette essaie de « coller un maximum au réel » en ce qui concerne les couleurs : « L’ombre est-elle plutôt bleutée ici ? » Passant du sombre au clair, elle fait jouer les couleurs les unes par rapport aux autres. « J’aime ce moment suspendu, les mains dans la matière. C’est un tunnel créatif. » Elle ajoute : « Quand je suis à l’aise avec le paysage, une louange monte. J’ai la sensation d’être au bon endroit au bon moment. J’ai ressenti cela, par exemple, en contemplant un cheval sur une plage en Camargue. »

Ayant grandi dans une famille chrétienne, Juliette vit sa foi comme une partie d’elle-même. « Mes parents comparent d’ailleurs le combat spirituel à la peinture, où l’on se bat contre la matière et où quelque chose nous dépasse. Pour ma part, je sais qu’un jour, j’aimerais peindre un chemin de croix. Quand ce sera mûr. » L’artiste, pleine de simplicité et d’authenticité lorsque nous l’avons rencontrée chez elle, a encore du temps devant elle. Pour peindre des œuvres où jaillit la lumière de la beauté qui nous entoure. Solange Pinilla
Questionnaire de Proust revisité
Le principal trait de votre caractère ? Souriante. Je crois que l’humour peut être très utile dans la vie !
Un défaut que vous avez ? Je panique avant de prendre le train !
Un lieu que vous aimez ? Les parcs ornithologiques ; j’y retrouve un apaisement au milieu de la nature dans une solitude relative, avec cette impression de faire partie d’un tout.
La pièce préférée de votre armoire ? J’adore ma combi de peinture, un vrai plaisir de me glisser dedans pour travailler sans avoir peur de me salir.
Ce qu’un échec vous a appris ? Qu’une bonne communication est essentielle et qu’il ne faut pas avoir peur de dire ce qu’on pense.
Une phrase de la Bible qui vous guide ? « Ne crains point car je suis avec toi. » Un peu cliché, mais j’ai la conviction profonde qu’on s’occupe de moi depuis là-haut !
Votre prière préférée ? La prière spontanée ! Quand je suis émerveillée devant un paysage et que j’ai besoin d’exprimer cette reconnaissance à Dieu. Propos recueillis par S. P.
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Photo du haut © Coll. particulière
Œuvres au milieu de l'article : Juliette Jude, Marseille et Saint Cado




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