[Témoignage] Surmonter la dépression en couple
- Zélie
- il y a 2 heures
- 3 min de lecture

Lorsque Ignace sombre dans une dépression sévère, son épouse Joséphine - les prénoms ont été changés - ne comprend pas ce qui se passe. Pendant cinq ans, leur couple voit leur relation bouleversée par la maladie psychique.
Aujourd’hui, cette épreuve est derrière eux, et Joséphine souhaite donner espoir aux couples qui traversent une pareille épreuve. La prise en charge médicale, la force de l’amitié mais aussi celle de la prière les ont puissamment soutenus.
« A la suite de plusieurs événements personnels concernant mon mari, une dépression sévère s’est installée chez lui, presque en silence, sans que je prenne conscience des premiers signes. J’étais alors tellement remplie de joie par l’arrivée de notre premier fils et absorbée par les mille occupations du quotidien que je ne l’ai pas vu sombrer.
Très vite, la maladie a pris toute la place. Mon mari n’avait plus la force d’aller travailler. Jour après jour, il s’enfonçait un peu plus dans la souffrance, restant cloîtré dans notre chambre, incapable de reprendre pied. Le diagnostic est tombé rapidement : une dépression profonde. Le psychiatre a proposé une hospitalisation, non seulement pour lui, mais aussi pour apaiser l’ensemble de notre famille.
À cette époque, cette maladie m’était étrangère. Elle me semblait honteuse aux yeux des autres et, dans mon ignorance, je pensais qu’il suffisait de "se ressaisir" pour en sortir. Mes premières réactions ont été marquées par une immense colère contre mon mari, la tristesse de ne plus rien partager avec lui, une angoisse profonde que je n’arrivais pas à nommer, et un sentiment d’isolement immense... Et pourtant, Dieu sait si nous étions entourés. J’ai dû faire le deuil de la famille "parfaite" que j’avais imaginée en me mariant.
Lors de la deuxième hospitalisation - trois longs mois, marqués par une tentative de suicide de mon mari -, j’ai pris conscience de la réalité de la maladie psychique. J’ai enfin compris l’ampleur de sa détresse, son mal-être abyssal et surtout son incapacité à décider quoi que ce soit concernant son état.
À ce moment-là, nous avons choisi d’ouvrir nos cœurs : parler, nous confier, nous laisser porter par la prière des autres. Nous n’avions pas de prière en couple, plus de repas partagés, plus de moments de complicité... Mais nos proches ont prié pour nous, à notre place parfois. Les intentions des amis, de la famille, et les deux sacrements de l’onction des malades reçus ont porté non seulement mon mari, mais aussi toute notre famille.
Dans cette épreuve, nous avons reçu d’immenses grâces. Nous avons touché du doigt l’abandon véritable : accepter de ne plus rien maîtriser pour, paradoxalement, mieux nous retrouver.
Mon mari a profité de ce temps d’arrêt pour se reconstruire, pour découvrir en lui des talents longtemps enfouis, pour poser des fondations nouvelles. Cette période douloureuse a été pour lui une renaissance.
Avec le recul, je regrette de ne pas avoir reconnu dès le départ que la dépression est une véritable maladie. Je regrette aussi que l’entourage du malade, si éprouvé lui aussi, ne soit pas davantage accompagné. Trop souvent, la famille est laissée seule face à cette tempête.
Cette épreuve a bouleversé notre famille, mais elle a aussi transformé nos cœurs. Aujourd’hui, nous croyons en Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit et nous en avons fait notre socle. Nous croyons en la communion des saints et en la force de l’abandon total. Ce qui fut une blessure profonde est devenu une source de force. Notre amour s’est approfondi, affermi et transfiguré.
La prière en couple et en famille fait désormais partie intégrante de notre quotidien. Nous communiquons de plus en plus mais surtout de mieux en mieux ! Et aujourd’hui, une nouvelle page s’écrit avec l’arrivée de notre deuxième enfant, si longtemps après notre aîné. Notre famille est heureuse, consciente de sa fragilité mais aussi de sa force immense, placée sous le regard bienveillant de Dieu.
Une phrase ne m’a jamais abandonnée : "Ne vous inquiétez donc pas du lendemain car le lendemain aura soin de lui-même. à chaque jour suffit sa peine." (Matthieu 6, 34)
Lorsque l’épreuve vient à vous, ne désespérez jamais et laissez vous toucher par l’Amour du Christ et par la Tendresse de Marie consolatrice. Pleurez, criez votre peine mais priez et gardez toujours confiance. » Texte recueilli par Solange Pinilla
Lire d'autres articles du dossier "Quand la santé mentale est fragile" dans Zélie n°109 - Novembre 2025, à télécharger gratuitement.
Photo Unsplash




![[Témoignage] Surmonter la dépression en couple](https://static.wixstatic.com/media/ed7b83_58550c2aedc7407abae4ed6c335dbb10~mv2.jpg/v1/fill/w_380,h_250,fp_0.50_0.50,q_30,blur_30,enc_avif,quality_auto/ed7b83_58550c2aedc7407abae4ed6c335dbb10~mv2.webp)
![[Témoignage] Surmonter la dépression en couple](https://static.wixstatic.com/media/ed7b83_58550c2aedc7407abae4ed6c335dbb10~mv2.jpg/v1/fill/w_38,h_25,fp_0.50_0.50,q_90,enc_avif,quality_auto/ed7b83_58550c2aedc7407abae4ed6c335dbb10~mv2.webp)
















Commentaires