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Romy Schneider, l'actrice rebelle




Pour une partie du public, Romy, c’était Sissi (photo). Et toute sa vie, elle essaya de se défaire de cette image de fille sage qui a, sans le vouloir, incarné l’esprit d’une jeunesse allemande née juste avant la Seconde guerre mondiale, et marqua les Trente glorieuses avec son dynamisme, sa soif de vivre, ses conformismes, ses outrances et son désir de la réconciliation avec les anciens ennemis.



Rosemarie Schneider est née Albach, du nom de son père, le 23 septembre 1938, à Vienne devenue allemande, d’un Autrichien, Wolf, et d’une Allemande bavaroise, Magda, tous deux acteurs de cinéma. La guerre se déroule sans heurt pour Rosemarie, élevée le plus souvent chez ses grands-parents maternels, en Bavière, parfois gardée chez sa grand-mère paternelle, actrice de théâtre à Vienne.


Malgré la vie bohème de ses parents, souvent absents, la jeune fille reçoit une instruction bourgeoise conforme aux exigences de son milieu. Adolescente, alors que son père a quitté le foyer familial pour une autre femme, Rosemarie est pensionnaire d’une institution de jeunes filles autrichiennes, où elle se fait remarquer par son caractère.


En 1953, sa mère, qui vient de décrocher un contrat pour Quand refleuriront les lilas blancs, obtient pour Rosemarie l’un des rôles. Celle qui apparaît au générique sous le nom de Romy Schneider-Albach se sent à son aise dans le métier de comédienne, et attire les regards par son jeu, son professionnalisme et sa photogénie.


Entre 1953 et 1959, avec Les Jeunes années d’une reine, Mam'zelle Cri-cri ou la trilogie des Sissi, elle joue des rôles rassurants pour une Allemagne et une Autriche marquées par les stigmates de la guerre.


Cette carrière pilotée par sa mère et le nouveau mari de celle-ci ne lui convient pas cependant. En 1958, elle tente une première fois de s’échapper, par une liaison avec son partenaire au cinéma, le jeune Horst Buchholz. L’idylle est brisée par Magda et son mari, qui la jugent inconvenante pour l’incarnation de Sissi. En 1958 toujours, sur le tournage de Christine, la rencontre organisée par Magda, à des fins de promotion du film, entre Romy et Alain Delon, ouvre les portes d’une nouvelle relation.


Cette fois Romy ne se laisse pas faire. En 1959, elle s’envole pour la France et rejoint Alain Delon. Les deux acteurs vivent ensemble et se soutiennent dans la carrière. Elle rencontre Visconti, qui lui confie dans Boccace 70, en 1961, le rôle d’une comtesse italienne faisant payer ses faveurs à son mari lui-même infidèle. Il était difficile de mieux détruire l’image de la jeune fille sage.


La critique allemande boude la scandaleuse enfuie à Paris, mais les films s’enchaînent, accompagnés de réussites au théâtre, toujours grâce à Delon. Le couple pourtant se défait, et les fêlures de Romy apparaissent. Cette femme forte est blessée par l’absence de son père, la manière dont sa mère a voulu diriger sa carrière, et son écartèlement entre l’Allemagne et la France. Un travers apparaît, l’usage excessif d’alcool et d’antidépresseurs.


En 1965, elle rencontre l’acteur et metteur en scène de théâtre juif berlinois Harry Meyen. En 1966, après avoir soutenu financièrement son divorce, elle l’épouse. Du couple naît David, en 1967. Or, Harry est rongé lui aussi par la dépression. Après avoir tenté de faire tenir ce mariage, Romy quitte Berlin et s’installe à Paris en 1968.


A la suite des retrouvailles professionnelles avec Alain Delon dans La Piscine en 1968, et avant un règlement de comptes définitif avec Sissi dans Ludwig de Visconti en 1972, elle fait la connaissance du réalisateur Claude Sautet, en 1969, dans Max et les Ferrailleurs. S’enchaînent des films français et des productions sur la Seconde guerre mondiale, où l’actrice est aux prises avec la barbarie nazie.


En 1975, elle épouse Daniel Biasini, de onze ans plus jeune qu’elle, et qui est à son service discret et efficace depuis quelques années pour gérer sa maison et ses affaires. Le couple s’installe entre Paris et Saint-Tropez ; ils ont une fille, Sarah. La vie sourit, mais pour un temps seulement. Romy, qui a voulu ce bonheur, le sabote une fois en main. Retombant dans l’alcool et les cachets, elle pousse Daniel vers la sortie.


En 1981, la vie de Romy s’effondre. Son fils David s’est gravement blessé en voulant enjamber les grilles du jardin des parents de Daniel, à Saint-Germain-en-Laye. Il meurt peu de temps après. Romy Schneider, qui n’en peut plus de traîner son existence écorchée, meurt le 29 mai 1982 à l’âge de 43 ans, à Paris, dans son fauteuil, probablement d’un excès d’alcool et de médicaments. Gabriel Privat




Photo Wikimedia commons



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