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Mayline, sauvée par Pauline




Le miracle reconnu par l’Eglise, qui a ouvert la voie à la béatification de Pauline Jaricot, est la récupération inexpliquée de Mayline Tran. Âgée de 3 ans et demi à l’époque, elle était dans le coma de manière irréversible après une anoxie cérébrale. Extraits choisis de l’émouvant livre de son père, Emmanuel Tran, Sauvée par un miracle (Artège).



Le jour du terrible accident, Emmanuel Tran et son épouse Nathalie organisent un apéritif à Lyon.


Mardi 29 mai 2012


« Nous gardons avec nous Mayline, la plus petite de la bande, pour qu’elle dîne tranquillement. Elle ne veut pas mais on insiste, on lui présente une petite saucisse qu’elle prend en partant s’installer sur le canapé. Je prends une bouteille et enfonce le tire-bouchon, je tourne jusqu’à mi-chemin, lentement... Soudain Mayline arrive dans mon dos, la gorge entre ses mains. Elle ne parle plus, elle trépigne, tape ses pieds sur le sol comme le ferait un enfant qui fait un caprice, mais aucun son ne sort de sa bouche. Je comprends tout de suite qu’elle s’étouffe.


Personne ne comprend. D’un coup, Mayline s’écroule inerte, je la rattrape par un bras mais elle s’affaisse. Je hurle à Nathalie : « Appelle les pompiers ! »


Je prends Mayline, la positionne devant moi et commence mes essais de prise d’Heimlich une première fois. Je hurle plus fort à Nathalie pétrifiée.


— Appelle les pompiers !

— Mais non, tu vas réussir à lui sortir, me répond-elle.


Puis Nathalie comprend l’urgence et compose le numéro. Mais l’immeuble isole totalement l’appartement de la réception du signal réseau. Elle décide alors de sortir de l’appartement et de se rapprocher de la cour intérieure pour pouvoir passer l’appel. Pendant ce temps, à la fois interminable et si rapide, je me démène comme je le peux pour faire sortir ce qui obstrue la trachée de Mayline. Rien n’y fait.

Nathalie revient dans l’appartement, le téléphone à la main et essaie de me parler et de me transmettre les consignes des pompiers qui sont en ligne. Mais je connais déjà les protocoles qu’ils me disent de suivre. Grâce à la formation aux premiers secours que j’avais suivie, j’ai déjà analysé l’état très grave dans lequel se trouve Mayline.


Nathalie doit ressortir, la ligne coupe sans arrêt.

Deuxième prise d’Heimlich, sans résultat. Troisième, sans résultat.


— Elle est en arrêt cardiorespiratoire, inconsciente !

Je hurle. Je sais que les pompiers écoutent au bout du fil. »


Mayline est transportée à l’hôpital en état de coma profond en raison d’une anoxie cérébrale, c’est-à-dire de la privation d’apport d’oxygène au cerveau. Au bout d’une dizaine de jours, les médecins expliquent aux parents que Mayline est dans un coma neurovégétatif et qu’elle décédera prochainement ; ils leur proposent un « projet de fin de vie », qu’ils refusent.


Juin 2012


« À la même période, Élisabeth d’Escayrac, une maman d’élève très impliquée dans la vie pastorale de l’école, demande à la directrice de l’école, la possibilité de faire réciter une neuvaine par l’intercession de Pauline Jaricot à tous les enfants de l’école pour la guérison de Mayline. Cette mère de famille a perdu deux enfants et est particulièrement ébranlée par ce qui arrive à Mayline. En prenant connaissance de son accident, elle pense assez vite la confier à Pauline Jaricot, Lyonnaise, à l’origine de l’Œuvre de la propagation de la foi et dont l’année 2012 était l’année jubilaire puisque nous fêtions les 150 ans de sa mort.


Avec l’accord de la directrice, la neuvaine commence le 15 juin. »


La famille Tran - les parents et leurs deux filles Lou-Anh et Mayline - part à ce moment-là à Nice, le déménagement étant prévu de longue date. Mayline, dans le coma, est donc transférée à Nice en ambulance.


Lundi 2 juillet 2012


« (...) Nous partons à l’hôpital Lenval de Nice pour retrouver Mayline. Dans le grand hall de l’hôpital, Nathalie, Lou-Anh et moi attendons l’ambulance. Les infirmières arrivent et Mayline apparaît sur un brancard, allongée, immobile, comme nous l’avions laissée la veille à Lyon, mais nous percevons quelque chose : elle est différente. C’est impossible à décrire, mais elle est absolument différente. Ses yeux, ses pupilles brillent et laissent transparaître la vie ! La vie est à nouveau présente et habite le corps de Mayline ! Comment est-ce possible ? Comment un tel changement est-il possible ? Il n’y a aucun doute. Mayline est revenue.


— Elle est vraiment là avec nous ! s’exclame Nathalie.


C’est inimaginable ! C’est un miracle ! C’est comme si quelqu’un avait appuyé sur l’interrupteur « vie ». L’interrupteur céleste auquel personne n’a accès ! C’est aussi simple et, en même temps, comment ça peut être aussi simple ? »


Les mois suivants, lentement mais sûrement, Mayline retrouve l’usage de la parole, de la motricité, et redevient une petite fille qui marche, va à l’école et mène une vie quasiment normale. Parmi les examens qui confirment cette inexplicable évolution, elle passe une IRM, trois ans après l’accident.


En 2015


« Eh bien, je n’ai jamais vu une telle récupération ! s’exclame le médecin. C’est moi qui avais réalisé sa dernière IRM (en 2012, ndlr), et c’est la première fois que je vois une récupération comme celle-là. Le cerveau qui avait perdu du volume de façon uniforme a repris quasiment la totalité de sa place. Vous voyez, les espaces sont tout à fait normaux entre le crâne et le cerveau, pour faire simple. Et sur celle-ci, vous voyez la différence ?


— Oui, lui répond timidement Nathalie, vraiment pas sûre de ce que le médecin lui montre. Mais elle est tout ouïe.

— Et puis son cerveau était de la dentelle, et il est comme régénéré ! Franchement, je n’ai jamais vu cela de toute ma carrière, et je ne suis plus très jeune ! Impressionnant !


Son assistant, resté à ses côtés, est lui aussi stupéfait, après avoir eu en mains les images que le médecin lui laisse, dès qu’il a fait son analyse. Il ajoute, en regardant Nathalie :


— C’est un miracle !

— Bah oui, sûrement, dit Nathalie en le regardant. »


27 mai 2020


«  Il est 12 h 14. Mon petit temps de pause m’incite à sortir mon téléphone : un numéro inconnu. Je décroche. M. Gaétan Boucharlat de Chazotte (l’administrateur de la cause de béatification de Pauline Jaricot, ndlr) se présente.


— Bonjour M. Tran, je ne vous dérange pas ?

— Non pas du tout ! Comment allez-vous ?

— Très bien, très bien. Je vous appelle pour vous informer que le Saint-Père a validé, après toutes ces années de recherches et d’analyses, le miracle attribué à Pauline Jaricot pour Mayline. Je voulais vous en informer, car les choses vont aller très vite maintenant. (...)


Les larmes remplissent mes yeux, cette fois de bonheur. Je retrouve mes mots, donne écho à l’annonce de M. Boucharlat de Chazotte. Nous avons vécu et vu ce qu’il s’est passé. Maintenant, c’est officiel. Plus personne ne nous dira plus que nous enjolivons cette histoire. » Extraits choisis par Solange Pinilla



En photo : Mayline © Coll. particulière.

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