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Marie-Ange : « Je me suis mariée à 51 ans »




Pendant le premier confinement de mars 2020, Marie-Ange Brize classe des livres et se fait aider par un voisin. Une rencontre qui va mettre fin à son célibat prolongé. Récit.


« En 2019, j’ai eu 50 ans, et je me suis installée dans un appartement à Paris que je venais d’acheter après des années en location. J’ai eu la conviction profonde que je devais me préparer à y vieillir seule, car puisque aucun homme n’avait voulu de moi - tout au moins pas suffisamment pour m’épouser - quand j’avais 20, 30 ou 40 ans, ce n’est pas à 50 ans que je séduirais quelqu’un.


De toute manière, j’avais une famille en province, et à Paris beaucoup d’amies et d’amis, et des activités épanouissantes, ce qui était déjà très bien.


Le dimanche 15 mars 2020, j’ai reçu un SMS de mon chef de service, nous informant que nos bureaux étaient fermés pour quinze jours et qu’il nous serait impossible d’accéder à nos locaux. J’ai ressenti l’urgence absolue de quitter Paris... Je ne voulais pas risquer de contaminer mon père, qui allait avoir 80 ans, et était diabétique et obèse : il cochait toutes les cases pour la vulnérabilité au covid, et j’étais persuadée que je ne le reverrais pas vivant sur cette terre.


Françoise, une amie proche, a accepté de m’accueillir chez elle, en Touraine. J’ai donc fait mes bagages en catastrophe, et suis partie le lendemain matin pour arriver chez elle. Il faisait gris, froid et pluvieux lorsque j’ai quitté Paris - pour quinze jours, donc. Sauf que le confinement s’est prolongé, et que les quinze jours se sont transformés en près de deux mois. Deux mois pendant lesquels le cerisier qui était en fleurs à mon arrivée s’est transformé, au point qu’à la fin on avait cueilli les cerises et fait des clafoutis...


Je n’étais pas en télétravail, aussi, pour rester occupée, j’ai aidé à classer les livres d’un voisin âgé qui voulait transformer sa bibliothèque. Beaucoup de livres à mettre en cartons, de meubles à déplacer, de livres à sortir des cartons et à réinstaller sur les étagères... Et de l’aide de la part de Jean-Charles, un autre voisin désœuvré - moniteur d’auto-école, dont l’auto-école était sous fermeture administrative comme beaucoup de boutiques jugées « non essentielles ».


Un homme toujours prêt à rendre service – il faisait partie des volontaires qui apportaient à domicile les courses des personnes âgées ou fragiles : un service super mis en place par la municipalité pendant la crise sanitaire. Je le connaissais, il m’avait d’ailleurs donné des leçons de conduite quelques années plus tôt, j’avais énormément apprécié ses talents pédagogiques, et l’avais trouvé sympathique, mais jamais je n’avais considéré que notre relation pourrait évoluer.


Là, nous nous voyions tous les jours, il avait l’art de me faire sourire, de toujours savoir dédramatiser mes inquiétudes... Et plus le temps passait, plus je me disais qu’il pourrait peut-être y avoir quelque chose entre nous. Lorsqu’il a bien fallu que je reparte à Paris, au mois de mai, il ne s’était pourtant rien passé de visible... Il savait juste que j’allais revenir quinze jours plus tard pour un week-end chez mon amie.


Mais alors qu’à peine une semaine était passée, il m’a téléphoné – je marchais dans une rue de Paris quand j’ai pris l’appel – pour me dire qu’il s’inquiétait de ne pas me voir. Il avait compris que je revenais non dans 15 jours, mais dans 8. Cela m’a beaucoup touchée, j’ai eu l’impression qu’il pensait à moi et que je lui manquais – ce qui était d’ailleurs le cas.


Donc le week-end suivant, nous avons dîné en tête-à-tête, et nous sommes partagés nos sentiments respectifs. En juillet, il est venu passer quelques jours en Provence, où nous avons vraiment décidé d’avancer ensemble, je l’ai présenté à mon père - qui n’avait pas attrapé le covid et était donc bien vivant !


Jean-Charles m’a demandée en mariage le jour de la Toussaint, veille du second confinement que j’ai passé également chez mon amie tourangelle. Nous nous sommes fiancés le dimanche après Noël, avons préparé notre mariage en visio - mesures restrictives obligent -, ayant décidé que quelles que soient les restrictions de nombre de participants, nous maintiendrions la date fixée.


Et finalement, nous nous sommes mariés le 12 juin 2021 (photo), en la fête du Cœur immaculé de Marie – avec un repas au restaurant, mais un couvre-feu à 23 h - trois jours avant, il était encore à 21 h, alors nous en avons été contents. » Marie-Ange Brize


Texte recueilli par Solange Pinilla


Lire d'autres témoignages d'espérance, dans Zélie n°100 - Décembre 2024 - Janvier 2025 



(Photo © Coll. particulière)

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