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« Je veux t’aimer comme un petit enfant. Je veux lutter comme un guerrier vaillant »



Etonnantes lignes de la petite Thérèse ! Au milieu de son poème Jésus seul, la carmélite livre des paroles pleines de contraste qui en disent long sur son âme. Elle vit alors la dernière période de son existence : Jésus seul est une œuvre de pleine maturité.


L’année suivante, sa dernière, sainte Thérèse offre des versets tout aussi contrastés :


« Si du Guerrier j’ai les armes puissantes

Si je l’imite et lutte vaillamment

Comme la Vierge aux grâces ravissantes

Je veux aussi chanter en combattant

Tu fais vibrer de ta lyre les cordes

Et cette lyre, ô Jésus, c’est mon cœur ! » (Mes armes)


Sainte Thérèse est effectivement l’« enfant » qui a compris combien Dieu est notre Père. Aussi sommes-nous accueillis au carmel de Lisieux par la statue d’un ange invitant les enfants à louer le Seigneur : « Laudate pueri » (cf. psaume 112).


Enfance spirituelle n’est cependant pas enfantillage. Pour persévérer dans la familiarité avec Dieu, la fidélité est nécessaire et celle-ci suppose de combattre. C’est pourquoi, en exergue de Mes armes, Thérèse reprend la phrase de saint Paul : « Revêtez-vous des armes de Dieu, afin que vous puissiez résister aux embûches de l’ennemi » (Ephésiens 6, 11).


Le Prince de la paix qui s’est fait l’Enfant de Bethléem est donc aussi Celui qui nous invite à lutter, tout simplement parce que la vie – et particulièrement la vie spirituelle – est un combat.


Sainte Thérèse honore donc deux dimensions essentielles de la foi chrétienne :


« Comme un enfant plein de délicatesses

Je veux, Seigneur, te combler de caresses

Et dans le champ de mon apostolat

Comme un guerrier je m’élance au combat ! ... » (Jésus seul)


Il n’y a rien de nouveau, mais Thérèse met en lumière la tonalité d’une vie spirituelle mûre en jouant pour ainsi dire avec les oxymores. Voilà qui n’est finalement pas sans rappeler les paroles de l’Apôtre : « C’est donc l’Esprit-Saint lui-même qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers : héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si du moins nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire » (Romains 8, 16-17). Le nom qu’elle choisit résume d’ailleurs bien les deux dimensions : « Sœur Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte-Face ».

De plus, puisque Thérèse a embrassé la vie religieuse, la familiarité divine revêt pour elle l’apparence de noces avec le Christ, tandis que ses « armes » sont les vœux de pauvreté, chasteté et obéissance :


« En souriant je brave la mitraille

Et dans tes bras, ô mon Epoux Divin

En chantant je mourrai, sur le champ de bataille

Les Armes à la main !... » (Mes armes)


S’il était nécessaire de développer plus avant, nous pourrions aussi rappeler l’amour de la carmélite pour sainte Jeanne d’Arc - alors vénérable -, l’enfant-soldat devenue son modèle. Qu’on se souvienne simplement des deux pièces de théâtre et des deux poésies qu’elle lui a consacrées (1).


La spiritualité de l’enfance spirituelle, qui permet d’aborder la nouvelle année avec confiance et amour, ne peut donc se vivre sans ce « cœur de feu » que Thérèse discernait en sainte Jeanne d’Arc : c’est par amour que l’on combat et on combat pour sauvegarder cet amour. Abbé Vincent Pinilla, Fraternité Saint Thomas Becket


(1) Voir aussi « Quand une Sainte en inspire une autre », Zélie n°52, page 4.



(Photo © Office central de Lisieux)

Notre légende : Thérèse dans la tenue du personnage de Jeanne d’Arc qu’elle a joué dans sa propre pièce Jeanne d’Arc accomplissant sa mission, en janvier 1895 (elle a alors 22 ans et est au carmel de Lisieux depuis presque 7 ans). Elle est accompagnée de sa sœur Céline (à gauche).

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