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Sainte Priscille, amie de saint Paul



A Cenchrée (Kenchréai), port de la grande ville grecque de Corinthe, vers l’an 51, un jeune couple de tisserands juifs, chassé de Rome par l’empereur romain Claude, travaille depuis un an et fabrique des tentes dont les armées romaines ont tellement besoin.

Ce jour-là, un personnage un peu étrange, petit et chauve, surgit dans leur atelier : « Salut à vous ! Je suis Paul de Tarse. Je suis chrétien. Je sais tisser des tentes. » Un courant d’amitié passe immédiatement entre le jeune couple et celui qui va devenir le grand saint Paul. L’apôtre du Christ est tout de suite embauché : « Reste avec nous. Nous travaillerons ensemble. »

Paul est heureux. Auprès de Priscille et Aquilas, il a trouvé une vraie famille. Le couple est chrétien, les seuls chrétiens sans doute de toute la ville. Les jours sont paisibles et la Parole de Dieu est accueillie avec émerveillement. Avec Priscille et Aquilas, Paul partage tout : la prière, les chants d’actions de grâce, le travail. Silas et Timothée le rejoignent.

Paul et ses compagnons demeurent un an et demi à Corinthe. C’est là que l’apôtre écrit ses premières épîtres. Il se démène avec l’aide de ses amis pour propager la bonne nouvelle car Corinthe est un mauvais lieu. Le culte le plus répandu est celui d’Aphrodite, déesse de l’amour. Mais, ô miracle, une communauté chrétienne naît, riche de foi, si fervente qu’elle demeurera la plus chère au cœur de saint Paul.

Un jour, Priscille et son mari décident d’accompagner Paul à Ephèse et quittent Corinthe. Dans leur nouvelle maison, ils accueillent la petite communauté des chrétiens d'Ephèse en Asie mineure – aujourd’hui la Turquie. Là, on écoute la Parole de Dieu et on célèbre la Sainte Eucharistie. Un peu plus tard, Priscille et Aquilas retournent à Rome. Ils meurent en martyrs suite à la vague de persécutions qui se déchaîne dans la ville.

Le culte de Priscille, que l’on nomme aussi Prisca ou Priscilla, prend rapidement de l’ampleur. Elle est, semble-t-il, la première femme martyre de l’histoire de l’église. Saint Paul lui rend hommage dans son Épître aux Romains : « Saluez Prisca et Aquilas, mes collaborateurs en Jésus-Christ ; pour me sauver la vie, ils ont risqué leur tête ».

A Rome, sur la colline de l’Aventin, là où la présence des chrétiens est attestée dès le premier siècle, se dresse l’église Sainte-Prisque, dédiée à une sainte qui mourut martyre sur la voie qui conduisait à Ostie, le port de Rome à l’époque.

On honore aussi Priscille dans cette église et sa fête est marquée au 8 janvier dans le martyrologe romain. Une partie de ses reliques se trouve sous le grand autel. On pense qu’elle fut baptisée par saint Pierre lui-même dans cette église. On peut voir sur la droite de la nef un chapiteau antique richement sculpté où Pierre aurait puisé l’eau du baptême. L’inscription Baptistus Sancti Petri, « Baptistère de Saint Pierre », y fut gravée au XIIIe siècle.

L'Eglise fête Priscille le 18 janvier. Elle est celle qui a su faire de sa maison une petite Eglise ouverte et généreuse pour ceux qui étaient persécutés et avaient besoin de réconfort et d’amitié. Mauricette Vial-Andru


Article paru dans Zélie n°26 (Janvier 2018)

Illustration : © Laure Th. Chanal - laurethillustrations.fr



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