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Sainte Odile, patronne de l'Alsace


Odile paraît en ce monde vers l’an 660 à Obernai dans le fond de la plaine rhénane, près des Vosges. Sa mère est la pieuse Bereswinde. Son père est le duc d’Alsace Adalric. Celui-ci, navré de la venue d’une fille au lieu de la naissance attendue d’un héritier, se croit maudit quand il constate que la petite est aveugle. Il ordonne sa mort. Sa mère la sauve en la confiant à une ancienne servante.

Mais les commérages vont leur train, la retraite n’est pas sûre, mieux vaut l’exil. L’enfant est conduite à Baume dans la vallée du Doubs. Là prospère une abbaye de moniales dirigée par une tante de Bereswinde ; la petite est accueillie avec empressement.

Parmi les religieuses, elle trouve le silence et la paix. Elle grandit en sagesse, se plaît dans la chapelle à chanter la louange de Dieu. Un jour, Erard, l’évêque de Ratisbonne, s’en vient au couvent. D’emblée, il demande à baptiser la princesse aveugle. L’eau purificatrice inonde le corps de l’enfant qui reçoit comme nom de baptême : Odile (Otilia, lumière de Dieu).

À cet instant, elle pousse un cri d’allégresse : elle vient de recouvrer la vue. Aussitôt, cette nouvelle chrétienne fait le vœu de n’appartenir qu’à Dieu, et reçoit le voile blanc, symbole de son appartenance. Elle a treize ans, et passe dix ans de plus dans ce monastère, lisant, étudiant et tissant. Des voyageurs lui apportent des nouvelles d’Hohenburg, le château de son père, et vantent la bienveillance de son frère Hugues.

Dès lors, elle désire connaître les siens, envoie un message à Hugues et se met en route. Apercevant du haut des tours du château le char à bœufs qui amène la jeune fille, le duc Adalric s’enquiert. Hugues lui avoue qu’il se réjouit de la venue de sa sœur. Mais le duc, irrité qu’on ose lui tenir tête, saisit un gourdin et fracasse le crâne de ce fils qui est pourtant son préféré. L’arrivante, très mal accueillie, est reléguée dans une tour du château et vit comme une pauvresse. Cependant, charitable, elle aide de plus miséreux qu’elle. Son père finit par s’apaiser et décide de lui trouver un « bon parti ».

Justement, un jeune seigneur se présente car la renommée de la beauté d’Odile a franchi les frontières du duché. Odile s’enfuit, se cache en forêt dans un rocher qui s’ouvre devant elle et n’accepte de revenir qu’avec la promesse d’être libre.

Adalric, enfin touché par les grandes qualités de sa fille, décide de faire pénitence et lui cède le château. Elle en fait un monastère et cent trente moniales la rejoignent. Un deuxième couvent s’impose puis un hôpital au pied de la montagne pour soigner les pauvres. Un lépreux embrassé par Odile est guéri sur le champ ; d’un rocher qu’elle frappe de son bâton, jaillit une source ; de trois branches qu’elle pique en terre montent trois tilleuls vigoureux.

Un 13 décembre, en la fête de sainte Lucie, Odile quitte ce monde et les pèlerins affluent de partout. Fêtée le 14 décembre, Odile est la providence des aveugles. On la représente portant le livre de la Règle sur lequel sont posés deux yeux bien ouverts. Le Monastère du Mont Sainte-Odile (en photo) est toujours très actif et accueille des pèlerins et retraitants. • Mauricette Vial-Andru

Article paru dans Zélie n°15 - Décembre 2016 - Crédit photo : Mattana/Wikimedia commons CC

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