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Sainte Bathilde, souveraine avisée



Était-elle fille de roi ou modeste fille de ferme ? Le doute planera toujours sur l’origine de cette Saxonne, enlevée par des pirates sur les côtes de l’Angleterre au VIIe siècle, vendue comme esclave sur les côtes françaises de la Manche et achetée par le maire du palais du roi Clovis II, Erchinoald. Bathilde, toute jeune femme, brillait par sa beauté et sa piété au sein de la maison de l’aristocrate franc. Veuf, celui-ci voulut épouser son esclave.

Mais envisageant déjà la vie religieuse, Bathilde se déroba à son maître et ne reparut devant lui qu’après qu’il se fût résolu à épouser en secondes noces une femme de sa condition. Erchinoald pouvait châtier l’esclave fugitive ; il ne lui en tint pas rigueur et l’affranchit. Pour elle, il développa d’autres projets.

Le roi Clovis II, âgé de dix-sept ans, était un adolescent brutal et libidineux que sa mère, la reine Nanthilde, et ses conseillers, parmi lesquels Erchinoald, tentaient de canaliser, dans l’intérêt du gouvernement. Par ailleurs, sa santé semblait fragile. Selon ses proches, il était temps qu’il donnât un héritier à la dynastie, un prince à la France. Bathilde fut considérée l’épouse idéale. Clovis II l’avait déjà remarquée. Une fois mariée, Bathilde eut, en trois ans, trois enfants : Clotaire III (652), Childéric II (653), Thierry III (654).

Devenue reine, elle distribua les aumônes, fit affranchir les esclaves et soutint de ses deniers la construction des abbayes. Clovis II mourut à vingt-deux ans, en 657, laissant un royaume réunifié, largement grâce à l’action de sa mère.

Bathilde exerça la régence au nom de ses enfants. La souveraine se révéla un gouvernant avisé. Organisant progressivement la répartition des parts du royaume entre ses enfants, elle assura le gouvernement de l’ensemble. Elle combattit la simonie en interdisant aux prélats de toucher quelque argent contre la délivrance des sacrements et surtout contre l’octroi d’une charge ecclésiastique.

Elle supprima la capitation, impôt personnel hérité de l’empire romain et considéré comme écrasant. En même temps, les biens des collecteurs d’impôts furent hypothéqués afin d’être vendus en cas de malversations de leur part. La vente d’esclaves fut limitée et de nombreux captifs furent rachetés.

Enfin, les fondations de monastères se multiplièrent. C’étaient autant de lieux de paix, de science et d’hospitalité, mais aussi d’industrie, au milieu d’un Occident latin bouleversé par les guerres civiles.

Son fils Clotaire III ayant atteint sa majorité, elle se retira au couvent de Chelles, près de Paris, dont elle avait assuré la construction à l’endroit d’une chapelle bâtie cent-cinquante ans plus tôt par la reine sainte Clotilde. Là, servant les malades à l’infirmerie, elle refusa qu’on la traitât en reine et elle assura à la mère supérieure, sainte Bertille, que la clôture serait respectée, limitant les visites malgré sa dignité royale.

C’est là qu’elle mourut, le 30 janvier 680, à l’écart des luttes qui déchiraient de nouveau le royaume, entre ses fils et ses anciens conseillers. Gabriel Privat

Article paru dans Zélie n°13 (Octobre 2016) - Crédit photo : JLPC/Wikimedia commons CC 3.0 Statue de sainte Bathilde par Victor Thérasse au Jardin du Luxembourg (Paris).

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