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Mère Teresa, la sainte des pauvres en amour

Dix-neuf ans après sa mort, la bienheureuse Mère Teresa a été canonisée le 4 septembre 2016 à Rome. La fondatrice des Missionnaires de la Charité continue de marquer par son annonce de la soif de Dieu pour l’amour de tous, et par sa foi grandie par l’épreuve.

« Viens, sois ma lumière » dit Jésus à Mère Teresa en 1946. à cet appel singulier, elle répond avec l’amour d’un disciple en apportant l’amour de Dieu jusque chez les plus pauvres des pauvres.

C’est en 1910 que Agnès Gonxha Bojaxhiu naît, à Skopje, dans ce qui est encore l’Empire ottoman et qui est aujourd’hui la capitale de la Macédoine. Agnès a un grand frère et une grande sœur ; leurs parents les éduquent dans la foi catholique. Elle fait sa Première communion à l’âge de 5 ans et demi, ressentant un grand amour pour les âmes. Quelques années plus tard, son père meurt.

Dans la paroisse du Sacré-Cœur qu’elle fréquente, animée par des jésuites, des missionnaires viennent prêcher. Agnès est marquée par leur exemple et naît alors le désir de partir elle aussi annoncer l’Évangile à l’autre bout du monde.

A l’âge de 18 ans, elle part en Irlande pour rejoindre les Sœurs de Lorette. Elle reçoit le nom de Sœur Mary Teresa, en l’honneur de sainte Thérèse de Lisieux, canonisée plusieurs années auparavant. Quelques mois plus tard, elle se rend en Inde et arrive à Calcutta en 1929. Elle enseigne dans une école de filles, Sainte Marie. à partir de ses vœux perpétuels en 1937, où elle devient « l’épouse de Jésus pour toute l’éternité », elle est appelée Mère Teresa. Pleine de joie et de courage, elle est nommée directrice de l’école.

Le 10 septembre 1946 est un tournant dans sa vie. Alors qu’elle est dans le train vers Darjeeling pour effectuer sa retraite annuelle, elle reçoit son « appel dans l’appel ». « Soudain, j’entendis avec certitude la voix de Dieu, racontera-t-elle. Le message était clair : je devais sortir du couvent et aider les pauvres en vivant avec eux. C’était un ordre, un devoir, une certitude. »

Jésus lui révèle ensuite sa souffrance face à la négligence envers les pauvres et son grand désir d’être aimé par eux : « Viens, sois ma lumière, je ne peux y aller seul. » Il lui demande d’établir une communauté religieuse, les Missionnaires de la Charité, au service des plus pauvres.

Après deux ans de discernement de la part de ses supérieurs, Mère Teresa reçoit la permission de vivre hors de son couvent. Petite et mince, elle quitte son habit pour revêtir un simple sari blanc bordé d’un triple liseré bleu avec, sur son épaule, un petit crucifix noir.

Après avoir appris les bases des gestes d’infirmerie, Mère Teresa se rend dans les bidonvilles où, le chapelet à la main, elle panse des plaies et visite des malades. Ce ne sera pas toujours facile de se faire accepter, étant Européenne et religieuse. Puis, peu à peu, d’anciennes élèves viennent la rejoindre. Sa Congrégation, les Missionnaires de la Charité, voit ainsi le jour en 1950. Aux trois vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance, s’ajoute le service des plus pauvres.

Un jour, Mère Teresa aperçoit à terre une femme agonisante. Elle l’emmène à l’hôpital, où on les reçoit peu aimablement, avant de s’occuper finalement de la mourante. Mère Teresa décide alors de créer un lieu où les agonisants abandonnés pourront enfin mourir de façon paisible, entourés d’une présence réconfortante. Ce sera la « Maison au cœur pur ». Elle racontera avoir entendu un homme y dire : « J’ai vécu comme une bête dans la rue, mais je vais mourir comme un ange, aimé et soigné. » Quelques années plus tard, elle ouvre un orphelinat pour les enfants abandonnés. De la même façon, elle défend l’enfant à naître, dont la vie est sacrée, et s’oppose à l’avortement.

Mère Teresa s’en remet entièrement à la Providence, et les dons affluent. Même le pape Paul VI, qui vient la voir, lui offre sa voiture. Avec l’argent recueilli par sa vente aux enchères, on commence la construction d’une cité pour lépreux.

La Congrégation des Missionnaires de la Charité prend rapidement de l’ampleur : des sœurs sont envoyées dans d’autres régions de l’Inde, puis au Venezuela, à Rome, en Tanzanie et sur différents continents dans les décennies suivantes, même dans les pays soviétiques puis ex-soviétiques.

Différentes branches sont créées : les Frères missionnaires de la Charité en 1963, des branches contemplatives féminine et masculine de la Congrégation, les Pères missionnaires de la Charité, le mouvement Corpus Christi pour les prêtres, mais aussi, pour des personnes n’étant pas dans la vie religieuse, les Coopérateurs de Mère Teresa et les Coopérateurs malades et souffrants, ainsi que les Laïcs missionnaires de la Charité.

Mère Teresa commence à être connue dans le monde entier. Elle reçoit le prix indien Padma Shri en 1962 et le Prix Nobel de la Paix en 1979.

Débordante de joie et de charité, Mère Teresa vit cependant une longue nuit de la foi, qu’on ne découvrira qu’après sa mort ; en France cela a été connu notamment de manière officielle en 2008 avec la parution de Viens, sois ma lumière : écrits intimes de la sainte de Calcutta (éditions Lethielleux). Sans que ses proches n’en sachent rien, Mère Teresa a pendant toute son œuvre avec les pauvres, soit près de cinquante ans, la sensation douloureuse d’être séparée et même parfois rejetée de Dieu.

« Ce livre montre l’humanité de Mère Teresa. C’était l’une d’entre nous : elle a connu des combats, des difficultés, elle a dû grandir. Et cela montre sa foi et son amour héroïque » racontait le Père Brian Kolodiejchuk, Missionnaire de la Charité et postulateur de la cause en canonisation de Mère Teresa sur le plateau de KTO en 2008 après la parution de Viens, sois ma lumière.

Si cette nuit de la foi a parfois été mal comprise et interprétée comme une absence de foi par certains, ce que vivait Mère Teresa dans cette obscurité spirituelle était d’autant plus bouleversant, que beaucoup de ceux qui la rencontraient percevaient Dieu en elle. Elle éprouva ainsi dans une certaine mesure la soif d’amour de Jésus mais aussi le dénuement des pauvres.

Touchée par des problèmes de santé, Mère Teresa meurt à Calcutta le 5 septembre 1997 à l’âge de 87 ans. Elle a des funérailles officielles de la part du gouvernement. Sa tombe, dans la chapelle de la maison-mère des Missionnaires de la Charité, devient rapidement un lieu de pèlerinage.

Les sœurs Missionnaires de la Charité sont à sa mort au nombre de 4 000 environ, dans 610 fondations réparties dans 123 pays du monde. Ces chiffres ont depuis lors légèrement augmenté. En France, les Missionnaires de la Charité sont présents à Paris et à Marseille.

En octobre 2003, le pape Jean-Paul II, qui l’avait rencontrée, la béatifie et loue sa charité : « Icône du Bon Samaritain, elle se rendait partout pour servir le Christ chez les plus pauvres parmi les pauvres. Même les conflits et les guerres ne réussissaient pas à l’arrêter. » Mère Teresa était le canal précieux de l’Amour, celui qui jamais ne passera. • Solange Pinilla

Article paru dans Zélie n°12 (Septembre 2016) - Crédit photo : Mother Teresa Center

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