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Les méthodes naturelles au quotidien


Quelles que soient les raisons qui mènent à la régulation naturelle des naissances, celle-ci constitue une véritable manière de vivre le couple, la sexualité et la famille. Demandant rigueur et exigence, elles apportent de nombreux bénéfices à la femme et à l’homme.

Saint Paul VI nous avait prévenus, dans l’encyclique de référence Humanae vitae : « Le très grave devoir de transmettre la vie humaine, qui fait des époux les libres et responsables collaborateurs du Créateur, a toujours été pour ceux-ci source de grandes joies, accompagnées cependant parfois de bien des difficultés et des peines ».

La régulation naturelle des naissances, qui se fonde sur l’observation des signes de fertilité et la pratique de la continence périodique, n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Et pourtant, elle est universelle, accessible à toutes les cultures et ne présente aucune contre-indication médicale. Elle favorise la connaissance de soi, le respect par l’homme et la femme du cycle naturel féminin, le dialogue entre les époux et une parentalité responsable.

Pour autant, toutes ces raisons ne viennent qu’après le sens profond de la régulation naturelle des naissances. Ce qui la différencie de la contraception, c’est le lien entre union sexuelle et procréation. La fertilité du couple n’est pas entravée chimiquement ou mécaniquement, elle reste intacte quelle que soit la période du cycle (lire ci-dessous « Dieu nous parle par les lois de notre corps »).

Car de quoi parle-t-on exactement ? Le sens des méthodes naturelles, ce n’est pas le fait d’éviter des grossesses. C’est beaucoup plus que cela : une manière de vivre la sexualité, que l’on souhaite ou non un enfant. En cas de souhait de grossesse, on ne cesse pas les observations, car celles-ci aident à savoir quel est le meilleur moment pour concevoir, et qu’on est potentiellement en train de concevoir un bébé. Si l’on ne souhaite pas de naissance à ce moment, éviter les unions pendant la période fertile autour de l’ovulation est privilégié. Cette période fertile est déterminée par l’observation, selon les méthodes - les principales en France étant Billings, MAO et Fertility Care - de la glaire cervicale, de la température ou encore du col de l’utérus.

La régulation naturelle des naissances souffre encore d’une réputation de manque de fiabilité ; l’opinion publique évoque encore parfois la méthode Ogino, datant des années 1930 et non fiable, puisqu’elle se base sur des données statistiques. Concernant les méthodes naturelles qui nous occupent, il faut distinguer deux types d’efficacité : l’efficacité théorique, obtenue dans les conditions idéales, par des personnes motivées suivant strictement la méthode ; et l’efficacité pratique obtenue dans la réalité de la vie quotidienne, par des couples aux motivations variées : ce qui inclut des erreurs d’utilisation de la méthode.

Une enquête européenne, indiquait pour la France, la Belgique et la Suisse que pour 7007 cycles adressés par 626 couples, la fiabilité théorique des méthodes naturelles était de 98,87 %, et la fiabilité pratique de 93,53 % (1). Aucune grossesse n’était survenue lorsque la relation avait eu lieu uniquement après les trois jours de décalage thermique. L’Organisation Mondiale de la Santé rapporte que la méthode sympto-thermique a 98 % d’efficacité dans la pratique courante, citant une étude de 2013. (2)

La nécessité de se former avec des moniteurs – c’est-à-dire des personnes agréées par un organisme et enseignant une méthode –, et de se faire suivre dans les moments difficiles, après une naissance ou avant la ménopause par exemple, peut aider à éviter les erreurs d’utilisation de la méthode. Cela étant, on observe généralement que les couples pratiquant les méthodes naturelles ont davantage d’enfants que les autres. En effet, la question d’une grossesse se pose d’une certaine façon à chaque cycle. De nombreux témoignages, par exemple dans le récent livre Ils ont osé les méthodes naturelles ! de Céline et Gaétan Marion (éditions Saint-Paul) évoquent cet esprit d’ouverture à la vie que leur a donné la régulation naturelle des naissances, et le fait qu’ils se sont plus fréquemment posé la question d’un nouvel enfant.

Les méthodes naturelles comportent aussi des exigences de vie. On pense notamment à la continence périodique, lorsque le couple ne souhaite pas d’enfant pour l’instant. Dans Se passer de la pilule, c’est possible (éditions de l’Emmanuel), Bénédicte Lucereau souligne qu’elle permet d’humaniser son désir, en apprenant à l’accepter et à savoir parfois y renoncer. Les retrouvailles de la période inféconde qui suit sont d’autant plus attendues et riches. En attendant, la tendresse du couple peut s’exprimer d’autres manières, en sachant dialoguer pour ne pas susciter chez l’autre un désir trop fort d’union. « La continence est bien vécue si les retrouvailles sont bien vécues, souligne Gabrielle Vialla, présidente avec son mari du Centre Billings France. La régulation naturelle des naissances n’est pas un but d’arrivée, mais un chemin qui nous fait grandir. »

On pense également au cas des déplacements professionnels qui allongent parfois les temps d’attente, surtout au retour du conjoint si ce n’est pas la période propice à l’union. « Des hommes m’ont dit "J’ai attendu deux semaines, je peux bien attendre cinq jours de plus" » raconte Emmanuel Crosnier, moniteur MAO. La régulation naturelle des naissances éduque en effet à la maîtrise de soi. Plus, « la régulation naturelle des naissances et la maîtrise de soi sont un soutien à la fidélité », explique Gabrielle Vialla. Dans tous ces cas, le témoignage d’autres personnes dans cette situation et l’accompagnement de moniteurs sont importants.

Une autre des difficultés rencontrées est parfois celle de la femme, connaissant son cycle, à motiver et impliquer son conjoint dans la régulation naturelle des naissances. « Il est bon que la femme présente à son mari le sens profond du rôle de chacun dans la régulation naturelle des naissances, et non d’abord de manière technique, souligne Gabrielle Vialla. Un homme m’avait confié : "Ma femme m’aurait vraiment expliqué ma responsabilité, j’aurais répondu favorablement." En retour, l’homme aide sa femme à grandir dans un amour plus profond et plus grand. »

Le conjoint est invité à tenir le tableau en notant les observations de sa femme - sur papier ou via une application mobile choisie selon la méthode utilisée -, à tracer le graphique ou encore à faire penser à prendre la température matinale. « Pour l’interprétation des signes de fertilité, il est très souhaitable que tous deux soient en mesure de le faire : il y a alors une aide mutuelle, et souvent une meilleure application, plus précise et rigoureuse » explique Bernadette Lucereau. Les époux gèrent alors ensemble leur fertilité.

Le livre Ils ont osé les méthodes naturelles ! regorge de témoignages de couples évoquant tout ce que la régulation naturelle des naissances a apporté : confiance en soi, en son corps, confiance en l’autre, respect envers lui, partage de ses désirs et de ses frustrations, générosité dans le don de la vie, facilité à parler d’éducation sexuelle et affective à ses enfants, aide quand le bébé se fait attendre. Un médecin qui a choisi de ne pas prescrire la contraception y évoque cette femme à qui il avait parlé des méthodes naturelles, qui était sortie de son cabinet en claquant violemment la porte, et, six mois plus tard, demandait : « Je reviens vous voir, car on ne m’a jamais parlé comme ça... Pouvez-vous m’expliquer mieux ? »Solange Pinilla

(1) Ecochard R., Pinguet F., Ecochard I., De Gouvello R., Guy M., Guy F. - Analyse des échecs de la planification familiale naturelle. A propos de 7007 cycles d'utilisation. Contracept. Fertil. Sex. - 1998 - Vol. 2, n° 4, pp. 291-296. Etude à lire ici.

A lire aussi : « Billings, MAO ou Fertility Care : quelle méthode choisir ? » (Zélie n°7, page 15)

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- Groupe de discussion Facebook Méthodes naturelles

Article paru dans Zélie n°7 (Mars 2016)

Crédit photo : TBIT/Pixabay.com cc - Freestocks.org CC

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