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Violette Szabo, résistante et agent secret




Parmi les figures féminines de la résistance française, les 43 rattachées à la section française, dite « Buckmaster », du Special Operations Executive (SOE) occupent une place à part.


Ce service secret fut fondé en 1940 par les Britanniques à la demande directe de Winston Churchill pour s’infiltrer dans les territoires occupés, et même au cœur de l’Allemagne nazie, afin d’y recueillir des renseignements. Les Français du SOE ne dépendaient donc pas du mouvement de la France libre, mais du gouvernement britannique. C’est pourquoi leur reconnaissance comme résistants fut très tardive.


Parmi les quelques femmes de ce service, Violette Szabo est l’une des figures emblématiques, comme le raconte Guillaume Zeller dans sa biogaphie Violette Szabo, parue chez Tallandier.

L’histoire de Violette commence lors de la guerre précédente, sur le front de la Somme. En 1916, le sergent britannique Charles Bushell rencontre, dans son cantonnement de l’arrière, une jeune Française réfugiée originaire de Quevauvillers, Reine Leroy. Ils s’épousent le 28 septembre 1918. La guerre terminée, le couple Bushell part vivre en Angleterre où naît un garçon, Roy, en 1920. Puis le couple déménage en France, avenue de Clichy, où Charles exerce le métier de chauffeur et Reine celui de couturière.


C’est là que naît Violette, le 26 juin 1921, à l’Hertford British Hospital de Levallois-Perret. La vie matérielle du couple nécessite un retour en Angleterre, mais les deux enfants Roy et Violette sont renvoyés rapidement en France, l’un à Quevauvillers, l’autre auprès de sa tante, Marguerite Leroy, à Noyelles-sur-Mer. En 1932, enfin, c’est le retour définitif au Royaume-Uni, à Londres, où la famille s’est agrandie de trois nouveaux enfants.


Violette, dans cette enfance ballottée, s’affirme par son entrain, son charisme, mais aussi son goût pour le sport. Malgré de bons résultats scolaires, elle quitte l’école en 1935, à 14 ans, et commence par travailler chez une corsetière française, qui la licencie après une fugue. Elle est embauchée rapidement après dans les magasins Woolworth.


La déclaration de guerre en septembre 1939 surprend Violette comme beaucoup de Britanniques. La jeune fille brûle alors de servir la patrie, et elle s’engage en avril 1940 dans la Women’s land army, qui mobilise les femmes pour remplacer dans les exploitations agricoles les hommes engagés dans l’armée. La défaite de juin 1940 brise son cœur de Française et elle ressent un vif enthousiasme aux premiers pas du mouvement de la France libre.


Le 14 juillet 1940, elle assiste au défilé des FFL, à Londres, avec mission fixée par ses parents de proposer à un soldat, après le défilé, de venir dîner à la maison, pour lui offrir l’hospitalité d’une bonne table. Venue avec une amie, elle remarque un légionnaire d’ascendance hongroise, le sergent-chef Étienne Szabo, qu’elle ramène chez ses parents. C’est le coup de foudre.


Ils se marient le 21 août 1940, mais dès le 30 août, Étienne quitte l’Angleterre pour reprendre le combat en Afrique. Violette, de son côté, travaille comme opératrice dans une centrale téléphonique, détruite rapidement par un bombardement allemand. Étienne rentre en Angleterre fin août 1941 pour une courte permission. Les époux sont tout à la joie de se retrouver, mais Étienne rembarque pour l’Afrique début septembre.


De son côté, Violette rejoint l’Auxiliary Territorial Service, réservé aux femmes. Ce corps territorial, habituellement consacré aux tâches logistiques et d’intendance, verse également quelques recrues dans des unités de défense. C’est ainsi que Violette rejoint la défense antiaérienne, dans le secteur très bombardé allant de Liverpool à Manchester.


Cependant, enceinte, depuis la dernière permission de son mari, elle n’est bientôt plus en mesure de porter les lourds obus de 13 kg et de les charger dans les canons antiaériens. Elle accouche à Londres, le 8 juin 1942, d’une petite fille, nommée Tania. Étienne, de son côté, hélas, est toujours en opération, cette fois en Syrie, puis en Égypte et en Libye. C’est dans cette ultime campagne qu’il est blessé mortellement au combat le 24 octobre 1942.


Anéantie par cette nouvelle, Violette cherche le moyen de combattre activement pour la cause alliée. Il s’agit pour elle, désormais, de venger la mort de son époux. En juin 1943, se rendant au Studio Club, établissement fréquenté par de nombreux militaires et agents britanniques, elle fait la rencontre de Harry Peulevé, membre du SOE.


Celui-ci va progressivement l’introduire dans ce milieu du Service action. Recrutée, elle passe à la phase des entraînements qui s’étale d’août 1943 à février 1944. Pendant ces mois, elle devient une combattante aguerrie à toutes les techniques de la guerre secrète, y compris les plus impitoyables. Tenue à la confidentialité la plus totale, elle ne raconte rien à ses proches et ne voit sa petite Tania qu’entre deux sessions d’entraînements, de loin en loin.


Début avril 1944, elle est déposée sur un terrain de fortune, près d’Amboise, sous le nom de Corinne Leroy, avec un autre agent, Philippe Liewer, pour sa première mission comme agent du SOE. Elle gagne Rouen, où elle accomplit avec succès un important travail de reconnaissance et de renseignement.


Le 7 juin, alors que les troupes anglo-américaines ont entamé leur progression en Normandie, Violette est parachutée en Limousin, avec trois autres agents. Objectif : établir le contact avec le maquis local, dirigé par l’instituteur communiste Guingouin, et animer la guérilla contre les Allemands. Sur place, c’est l’euphorie depuis la veille, marquée par de nombreux ralliements à la résistance et l’oubli de toutes les mesures de sécurité. Les quatre agents du SOE sont décontenancés et se méfient.


Un poste d’avant-garde de la division SS Das Reich à Salon-la-Tour s’empare de Violette, le 10. Celle-ci, en voiture avec un autre agent, est stoppée à un barrage. Après quelques tirs de mitraillette, elle est arrêtée, transférée à Limoges et interrogée. Elle est ensuite déplacée à Paris et internée à Fresnes. Interrogée par le contre-espionnage allemand, elle ne parle pas. Transférée au camp de transit de NeueBremm, puis au camp de concentration de Ravensbrück, elle force l’admiration de ses codétenues par son courage et sa détermination dans l’épreuve.


Internée dans une annexe de Ravensbrück, à l’est de l’Oder, c’est là qu’elle est exécutée, avec deux autres agents féminins, fin janvier ou début février 1945. Tania, élevée par ses grands-parents, recevra, après-guerre, des mains du roi George VI, la George Cross, haute décoration décernée à Violette à titre posthume. Gabriel Privat



Crédit photo : Madelgarius/Wikimedia commons CC BY-SA4.0


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