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Un concours d’éloquence de haut niveau



Cet article est extrait de Zélie n°85 - Juin 2023, à télécharger gratuitement.



Chaque année, la coupe d’éloquence de la Drac récompense des lycéens venus s’exprimer sur un sujet donné, en 15 minutes et sans notes. Un moyen de développer leurs capacités en argumentation et en art oratoire.


1924. Des supérieurs de communautés religieuses souhaitent défendre les religieux qui ont combattu pendant la Première guerre mondiale, et qui sont potentiellement menacés d’expulsion par le gouvernement. Ils créent donc la Drac, une association des Droits du religieux ancien combattant.


Deux ans plus tard, ils souhaitent associer la jeunesse : « Le concours d’éloquence est lancé, pour former la jeunesse et défendre les valeurs chrétiennes », narre Brigitte Guigueno, actuelle présidente de la Drac.


Si le concours d’éloquence s’ouvre aux filles après la Seconde guerre mondiale et l’association se nomme depuis quarante ans « Défense et renouveau de l’action civique », la coupe d’éloquence est aujourd’hui sa principale activité.


Un concours écrit est proposé aux élèves de 4e et de 3e, et la coupe d’éloquence réservée au lycéens. « On leur donne le sujet en septembre, et en mars ont lieu, sur un week-end, la demi-finale et la finale, raconte Brigitte Guigueno. Le dimanche, trois filles et trois garçons redonnent leur discours de la veille, en 12 à 15 minutes, et sans papier. Cette année, le sujet était : "Pensez-vous que le respect est une vertu indispensable à la vie en société ?". »


Elle poursuit : « Ils doivent également effectuer 5 minutes d’improvisation sur un sujet pour lequel ils ont 15 minutes de préparation. C’est sans filet ! On a pu donner des sujets d’improvisation tels que : "Si vous pouviez voyager dans le temps, à quelle époque aimeriez-vous vivre ?" Ou encore : "Cuisine à l’huile ou cuisine au beurre ?" »


Le jury est attentif tant à la forme qu’au fond. Il observe si l’orateur regarde le public, a des gestes naturels, parle en faisant les liaisons entre les mots, propose un contenu intéressant ou original, ou encore use de phrases variées.


« Il ne suffit pas d’avoir de la prestance et des belles paroles, commente Brigitte. Il est nécessaire que le sujet soit respecté, que les arguments et les exemples soient solides. Même la grille de notation n’est pas un critère absolu, les membres du jury discutent ensemble ensuite pour choisir les lauréats. »


Pour la finale, le jury comporte des personnalités invitées, de différents secteurs : militaires - en raison de l’origine de la Drac -, professeurs, avocats, personnes du monde de la culture, ecclésiastiques...

Les candidats viennent de l’enseignement public, privé sous contrat ou hors contrat.


« Chaque école prépare ses candidats pendant l’année, en les faisant passer devant leurs camarades, en s’entraînant, en observant les autres discours... Une école ne peut en envoyer que deux à la demi-finale. N’importe quel établissement peut proposer des candidats, en n’hésitant pas à regarder d’abord les vidéos des discours des lauréats sur notre site, pour se faire une idée du style et du niveau. On peut également venir en candidat libre. Surtout, il faut garder à l’esprit que le but est de faire grandir les élèves, de leur permettre de montrer leurs talents et leurs capacités. Des professeurs disent qu’ils voient des lycéens se révéler être d’excellents orateurs ! » Certains jeunes confient qu’ils ne se savaient pas capables d’une telle performance.


La présidente de l’association précise : « Ce n’est pas l’éloquence pour l’éloquence, il ne faut pas que la forme l’emporte sur le fond. S’exprimer, argumenter, cela peut servir toute la vie. Au grand oral du bac - qui existe depuis deux ans et pendant lequel ils doivent parler d’un sujet qu’ils ont choisi -, mais aussi pendant les études, dans le monde professionnel... Ces jeunes doivent pouvoir prendre leur place dans la société, défendre leurs idées et être les plus convaincants possible. »


Ce qui frappe la présidente de l’association, c’est la variété des personnalités des lycéens. « Cette année, le lauréat du premier prix avait beaucoup d’humour. Le deuxième était plus dans la rigueur, avec une solide argumentation... C’est quand ils sont eux-mêmes, qu’ils peuvent convaincre. Il n’y a pas qu’une seule façon d’être éloquent ! » Parler, c’est se révéler : à soi et aux autres. Solange Pinilla


Photo © ML Burguière


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