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Trois semaines de mission au Liban



Flora Gicquel a participé à AED Mission, une proposition de l’Aide à l’Église en détresse, qui permet à des jeunes de servir les plus démunis lors d’un été, aux côtés d’une communauté chrétienne.



Après trois années de prépa littéraire, Flora Gicquel souffrait de ne pas avoir donné beaucoup de temps aux autres. Elle aspirait à vivre une expérience forte et à faire quelque chose d’utile. De plus, les révélations de scandales dans l’Église l’avaient beaucoup questionnée et blessée : « Je souhaitais voir un visage de l’Église que je ne connaissais pas ; cela a contribué à mon choix de participer à AED Mission, pour rencontrer d’autres chrétiens du monde ».


Parmi les jeunes de 20 à 30 ans partis avec AED Mission pendant l’été 2019, une dizaine, dont Flora, se sont rendus au Liban. Accompagnés par un séminariste libanais qui était le dixième membre de l’équipe mais aussi leur guide et traducteur, ils ont suivi un programme dense.


Les deux premières semaines, les jeunes ont vécu dans des quartiers pauvres de Beyrouth, Nabaa et Bourj Hammoud, accompagnant une communauté de Sœurs de la charité – cet ordre a été fondé par sainte Jeanne-Antide.


« Les sœurs animaient une sorte de colonie de vacances pour les enfants du quartier ; nous avons participé aux activités : chants gestués, jeux, chorégraphies, catéchèse... J’ai animé la fabrication de bracelets brésiliens, dont j’avais apporté les fils. Un jour, nous avons emmené les enfants à un parcours d’accrobranche grâce à une donatrice. » L’après-midi était consacrée à la visite des familles avec les sœurs, afin d’échanger, de faire le ménage et de prier.


La troisième semaine s’est déroulée dans un camp de réfugiés palestiniens au nord de Beyrouth, avec les Petites Sœurs de Nazareth. Flora et les autres jeunes ont été chargés de missions d’ordre sanitaire : soins de base, surveillance du diabète, soutien psychologique, tri de médicaments, de vêtements ou encore de produits alimentaires.


Trois semaines, n’est-ce pas un peu court pour vraiment s’investir dans la mission dans un pays étranger ? « Au moins, on sait qu’on ne va pas changer le monde ! », s’amuse Flora. Néanmoins, en plus de l’aide apportée aux communautés religieuses, les équipes AED Mission ont un rôle d’information et de témoignage, à l’instar de la fondation qui les envoie. Les jeunes écrivent sur un blog pour raconter leur expérience.


AED Mission, qui existe depuis 2016, permet aussi à ces jeunes d’avoir un aperçu des communautés chrétiennes d’Orient ou d’ailleurs. « Nous participions à la messe catholique maronite tous les jours, avec les explications des religieuses et du séminariste. Nous avons aussi visité plusieurs monastères chrétiens, le siège grec-orthodoxe ou encore un mémorial arménien. J’ai été touchée par l’immense foi de ces chrétiens. Je pense à une femme sri lankaise ayant connu l’esclavage, dans une situation très précaire, et qui avait une grande foi en Dieu ! Elle n’avait rien, et pourtant elle avait tout... »


Tout a été intense pour Flora, qu’il s’agisse de moments heureux ou difficiles. C’est une joie profonde que la jeune fille a ressentie lorsqu’elle a soigné les pieds d’un homme alcoolique qui avait les jambes très abîmées (photo) : « Dans ce moment très simple où il me racontait des anecdotes de sa jeunesse et où je lui lavais les pieds, j’avais la sensation, en étant à son service, de laver les pieds du Christ... »


Le scandale de la souffrance et du mal a cependant ébranlé l’étudiante, comme chez Saloua, cette femme de 70 ans qui ne s’était pas lavée depuis plusieurs mois et dont le ménage n’avait sans doute pas été fait depuis le dernier passage de l’équipe AED Mission l’année précédente. Les jeunes ont appris que la nourriture apportée par les sœurs deux semaines auparavant avait été volée par le fils de cette femme...


« Au retour de ce séjour, j’ai vécu une forme d’épreuve de l’espérance ; je me suis inscrite dans une formation en théologie au Collège des Bernardins, pour chercher des réponses à mes questions, confie Flora. Cette expérience au Liban a aussi été un déclic dans mon projet professionnel : alors que je voulais au départ devenir professeur, j’ai décidé de travailler dans l’humanitaire. Je viens de terminer un Master de philosophie politique et éthique à la Sorbonne, et je pars à la rentrée à la London School of Economics, en Master de développement international et urgence humanitaire. »


Ces semaines de mission ont-elles été « des vacances différentes » ? Il semble que même si le chaud climat méditerranéen et l’ambiance joyeuse ont apporté une dimension dépaysante, ce séjour a échappé à cette catégorie : « Nous étions là où les touristes ne vont pas ! ». Solange Pinilla



Crédit photo © Coll. particulière


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