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Numérique : pour un usage plus écologique



Consulter Internet ne relève pas de l’immatériel. Il demande des équipements gourmands en énergie et des espaces physiques de stockage de données. Pour utiliser le numérique de façon plus respectueuse de la Création, quelques pistes existent.



Gain de temps et de déplacements, partage plus large de l’information, diversification des contenus, moindre gaspillage de papier... Le numérique apporte depuis une vingtaine d’années de nombreux bénéfices. Cependant, il n’est pas sans impact sur l’environnement, comme le souligne l’Ademe (Agence de la transition écologique) dans son guide La face cachée du numérique.


Ainsi, le secteur du numérique est responsable aujourd’hui de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre ; parmi celles-ci, 25 % sont dues aux centres de traitement des données (data centers), 28 % aux infrastructures réseau – c’est-à-dire tout ce qui relie les équipements entre eux - et 47 % aux appareils (ordinateurs, tablettes, smartphones...). Il est cependant possible de minimiser le gâchis d’énergie.


Le premier domaine où l’on peut faire un effort concerne le matériel lui-même, afin de le garder plus longtemps. La fabrication d’un ordinateur portable de 2 kg mobilise 800 kg de matières premières ! « La production de composants complexes exige beaucoup d’énergie, des traitements chimiques et des métaux rares : le tantale, par exemple, indispensable aux téléphones portables ; ou l’indium, indispensable aux écrans plats LCD, souligne l’Ademe. Les fabricants sont en train d’épuiser ces minerais précieux à un rythme inégalé, et ce dans des mines où les conditions de travail sont souvent inacceptables. » A noter également : la phase de fabrication est davantage énergivore que la phase d’utilisation du produit.


Il est donc important de garder plus longtemps ses équipements ; 88 % des Français changent de téléphone portable alors que l’ancien fonctionne encore... Bien entretenir son ordinateur en faisant les mises à jour nécessaires, installer des anti-virus performants et ne remplacer l’appareil que lorsqu’il ne marche plus est important. Si votre équipement fonctionne encore, revendez-le ou donnez-le à quelqu’un ou à une association. En cas de panne, faites-le réparer par un professionnel – le cas échéant en faisant jouer la garantie de 2 ans - ou dans un lieu de réparation collaboratif de type Repair Café.


S’il ne marche plus du tout, ne le gardez pas chez vous car il représente un précieux gisement de matériaux recyclables et réutilisables, voire précieux – or, platine... – ou très rares – tantale, lanthane, néodyme... Par exemple, les métaux non ferreux d’un ordinateur portable peuvent être recyclés et réutilisés pour la fabrication de pièces automobiles ou de câbles. On estime pourtant que 54 à 113 millions de smartphones dorment dans nos placards en France ! Rapportez votre appareil chez un revendeur en informatique et en téléphonie, dans des bornes de collecte en grande surface ou encore en déchetterie.


Si vous devez racheter un smartphone ou un ordinateur, pensez au matériel reconditionné, c’est-à-dire à ces appareils qui ont été nettoyés, révisés et vérifiés avant d’être remis sur le marché – on peut en trouver par exemple sur des sites de vente privée. Quand vous devez acheter un équipement, vérifiez qu’il soit adapté à vos besoins : nul besoin d’avoir une capacité de mémoire trop importante, par exemple. Savez-vous également qu’il existe des labels environnementaux pour les appareils numériques ? Parmi eux, Epeat, Ecolabel nordique, L’Ange bleu ou TCO. Concernant les imprimantes, privilégiez celles qui permettent le remplacement indépendant de chaque couleur.


Au sujet de la consommation d’énergie lors de l’utilisation des appareils, une règle simple existe pour les ordinateurs, imprimantes et consoles de jeu : en-deça d’une heure d’inactivité, mettez-les en veille ; au-delà d’une heure, éteignez-les. « Fermez le plus souvent possible l’interrupteur d’alimentation de votre box et du récepteur TV », conseille l’Ademe, qui rappelle qu’une box consomme autant sur une année qu’un grand réfrigérateur ! De même, désactivez les fonctions GPS, Wifi ou Bluetooth sur votre téléphone ou votre tablette lorsque vous n’en n’avez pas besoin.


En plus de ce gaspillage d’énergie, on pourrait citer deux autres dangers contre lesquels vient lutter l’extinction régulière des appareils : les risques pour la santé – même si ceux-ci ne font pas l’objet d’un consensus – et les risques d’addiction aux écrans, sans compter la perte financière due à la consommation électrique.


Deuxième chantier : maîtriser le voyage et le stockage des données. En effet, les mails, vidéos, photos et musiques sur le net sollicitent des équipements bien réels. Ainsi, envoyer un mail avec une pièce jointe implique que le centre de traitement des données de votre fournisseur d’accès traite votre message, le stocke et le retransmette au réseau. Puis il est pris en charge par le centre de traitement des données du fournisseur d’accès de votre correspondant, qui le retransmet au réseau en direction de votre destinataire. Votre message transite ainsi par des points éloignés du globe ; un mail ou une autre donnée numérique parcourt en moyenne 15 000 km !


Pour diminuer l’impact de l’envoi du mail, quelques astuces : limiter le nombre de destinataires, envoyer des photos en basse définition, utiliser, plutôt que l’envoi de pièces jointes, des sites de dépôt temporaire – tels que WeTransfer – car ceux-ci « nettoient » les données au bout de quelques jours. Surtout, supprimez régulièrement les anciens messages de votre boîte mail et désinscrivez-vous des listes de diffusion qui ne vous intéressent plus ­– il y a généralement un bouton « Se désinscrire » en bas de la newsletter.


Un autre aspect moins connu est l’impact des requêtes web, c’est-à-dire des recherches Internet. Il est moins énergivore de taper directement l’adresse du site que vous cherchez (si vous la connaissez déjà), ou de créer des favoris dans votre navigateur, que d’écrire des mots-clés dans un moteur de recherche ; celui-ci fait voyager les informations dans son centre de traitement des données. Par ailleurs, limitez le nombre d’onglets et de programmes ouverts et inutilisés.


De même, ne stockez en ligne – c’est-à-dire sur un site ou encore sur les réseaux sociaux – que les documents, photos ou vidéos vraiment nécessaires. En effet, ce qu’on appelle le cloud demande beaucoup d’énergie, comme nous l’avons vu. « Sachez que pour garantir leur accessibilité en permanence, vos données sont stockées simultanément sur plusieurs serveurs », précise l’Ademe.


Enfin, les nouveaux usages liés au numérique demandent également du discernement : si la vente en ligne permet de limiter les déplacements, préférez la livraison en point relais qui limite les nombreuses remises à domicile, gourmandes en carburant et émettant du CO2. Concernant les vidéos en ligne, préférez une résolution de 360 ou 720 pouces, et si vous écoutez de la musique sur une plateforme vidéo – mieux vaut choisir une plateforme de streaming audio ou tout simplement un disque -, baissez la résolution au maximum.


Evitez ainsi ce que dénonce le pape François dans Laudato Si’ : « Le gaspillage des ressources de la Création commence là où nous ne reconnaissons plus aucune instance au-dessus de nous, mais ne voyons plus que nous-mêmes. » A l’inverse, soyons sobres dans l’utilisation des ressources que nous offre le Créateur. Elise Tablé



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Crédit image © Gstudio/Adobe

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