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Corps malade, âme rayonnante


Atteinte depuis sa naissance de la drépanocytose, Chantal Bonhomme est handicapée depuis une opération manquée. Cette nouvelle épreuve est pourtant l’occasion d’une croissance spirituelle, notamment depuis un « petit voyage » ― proche d’une EMI (expérience de mort imminente) ― où elle a éprouvé l’amour de Dieu.

Jusqu’à l’année dernière, tout semblait bien aller pour Chantal : analyste dans une banque, mariée, mère de trois garçons, bien entourée... Pourtant, ses proches savent qu’elle est porteuse de la drépanocytose homozygote, une maladie génétique qui touche le sang de 15 000 personnes en France. Lors de crises régulières, le manque de globules rouges provoque de fortes douleurs et un manque d’oxygène, qui nécessitent une hospitalisation d’urgence.

Née au Togo et fille d’un général, Chantal Bonhomme a pu y être bien soignée, ainsi qu’après son arrivée en France vers l’âge de 17 ans, comme elle le raconte dans un livre-témoignage De la nuit à l’Amour. Petit voyage mystique au cœur de la maladie (éditions Emmanuel). Mais en juin 2017, à l’âge de 44 ans, elle fait un AVC (accident vasculaire cérébral). On diagnostique une rupture d’anévrisme. Chantal est opérée à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre, dans le Val-de-Marne.

Pendant cette opération qui dure six heures à cause d’une complication, Chantal fait une expérience singulière. Elle se rappelle distinctement avoir vécu ce qu’elle appelle son « petit voyage » : « Je me suis retrouvée dans un endroit – on me permettra de l’appeler la « cour céleste », c’est ce mot qui m’est venu à l’esprit – baigné d’une lumière qui n’était ni aveuglante, ni agressive, mais au contraire d’une exceptionnelle pureté et d’une douceur infinie. J’ai ressenti une atmosphère de paix, de tranquillité et d’Amour Absolu comme je n’en ai jamais connu sur terre. »

Elle voit des « êtres de lumière » et entend une voix venant de l’intérieur d’elle-même, avec la conviction qu’il s’agit de celle de Jésus-Christ : « Cette voix me disait que pour l’instant, je ne faisais pas encore partie des « êtres de lumière », que je n’étais pas invitée au Royaume, que je pouvais voir, mais que j’avais encore du travail à faire pour les rejoindre et qu’il fallait donc que je retourne sur terre pour accomplir ce chemin. Cette voix me recommandait en termes très clairs de renoncer à certains de mes travers, de taire les mauvais penchants de mon âme, de devenir un être de lumière et de me mettre au service des faibles et des affligés. »

Après quelques recherches, Chantal prend conscience qu’elle a vécu quelque chose de proche – tout en ne remplissant pas tous les critères – d’une EMI (expérience de mort imminente). Ce phénomène connu, mais non expliqué par les scientifiques, survient entre la mort clinique, marquée par l’arrêt cardiaque, et l’irréversible mort biologique. Le patient voit son esprit quitter son corps, traverser un tunnel et rencontrer un être de lumière. La conscience ― ou mieux, l’âme ― semble bien pouvoir être dissociée du cerveau et se détacher du corps pour « vivre sa propre vie ».

Suite à son « petit voyage », Chantal change : elle est moins attachée aux choses matérielles, veut davantage dédier sa vie aux autres et sa relation avec le Seigneur s’intensifie.

Après une seconde opération qui s’est mal passée en novembre 2017, Chantal découvre qu’elle a perdu ses facultés d’équilibre et de coordination de ses gestes : elle a un syndrome cérébelleux. Il va lui falloir une longue rééducation pour pouvoir à nouveau se mouvoir et marcher normalement. Pendant cette période dans un centre à Rambouillet, elle souffre, pleure, rit, écrit son livre, et remet également en place le puzzle d’un appel singulier : se rappelant les paroles de son « petit voyage », « se mettre au service des faibles et des affligés », elle les met en lien avec d’autres expériences.

Ainsi, deux mois après sa première opération, lors de la messe dans sa paroisse, elle avait vu un cœur rouge et charnu dans l’or du calice lors de l’élévation du Sang du Christ. Quelques semaines plus tard, elle s’était spontanément et presque malgré elle mise à prier à voix haute pour les personnes malades, souffrantes ou délaissées, pendant la messe. Ou encore au couvent de Frileuse dans l’Essonne, en janvier 2018, elle a vu une croix rouge comme dessinée au laser sur l’hostie blanche, lors de l’élévation à la messe.

Chantal entend l’appel de la Croix, comme espérance au milieu de la souffrance. L’acception de cette mission va aussi l’amener à créer un fonds de dotation, la Maison des bien-aimés, en faveur des enfants malades. Chantal témoigne que malgré une santé plus que mauvaise, l’Amour du Christ est plus fort que la souffrance. Solange Pinilla

Article paru dans Zélie n°34 - Octobre 2018

Crédit photo © Editions Emmanuel

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