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Caroline Aigle, jusqu'au bout


© Collections École Polytechnique-Palaiseau

« Dans notre métier des armes, oui, on peut découvrir l’humanité dans tout sa grandeur, dans toute sa valeur, dans toute sa beauté », disait l’abbé Demoures aux funérailles du « moineau » comme ses camarades de promotion surnommaient Caroline Aigle, morte le 21 août 2007.

Cette courte phrase résume le parcours de cette fille de médecin militaire, née en 1974, élevée entre la France et l’Afrique, diplômée de l’X, de l’École de l’air et brevetée pilote de chasse en 1999 à 24 ans seulement. Ses amis de Polytechnique n’imaginaient pas que le lieutenant Aigle puisse se marier un jour.

Championne du monde de triathlon militaire, passionnée de parachutisme, volant dès qu’elle le pouvait, se passionnant pour l’apprentissage du russe et de l’arabe, accomplissant son métier de soldat avec conscience, et souvent sollicitée par l’armée pour représenter l’intégration réussie des femmes dans les rangs, l'aviatrice au langage simple avait un cœur ouvert.

Mariée au début des années 2000 avec le pilote de chasse Christophe Deketelaere, elle s’impliqua dans sa vie d’épouse, et bientôt de mère avec la naissance d’un premier garçon, sans oublier l’aviation de chasse. La jeune femme rêvait de s’envoler vers d’autres sphères.

Fraîchement diplômée en astrophysique, et doctorante, elle préparait l’entrée au collège inter-armées de défense, pour ensuite intégrer les équipes de spationautes européens. Enceinte pour la seconde fois, en 2007, sa trajectoire fut brisée nette, et l’officier d’élite resta pleinement femme et soldat.

Atteinte d’un cancer de la peau foudroyant, elle se savait perdue. Mais le corps médical lui conseillait l’avortement, afin de moins souffrir et de prolonger son existence. « Il a droit à sa chance », répondit-elle. Alors elle mena sa dernière bataille, tenant bon le plus longtemps possible pour que l’enfant vive. A cinq mois et demi naquit un petit garçon. Elle le tint dans ses bras, l’embrassa, et mourut dans les jours qui suivirent. Le commandant Caroline Aigle avait accompli sa mission jusqu’au bout. Gabriel Privat

Article paru dans Zélie n°4 (décembre 2015).


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