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Le sourire, un don du présent




Les coins de la bouche remontent, les yeux se plissent, le regard devient plus vif… Pas de doute, c’est un sourire ! Avec ou sans dents, le sourire est plus ambigu ou complexe qu’il n’y paraît, puisqu’il peut être innocent ou cruel. Le sourire le plus marquant est néanmoins le sourire joyeux qui ouvre le visage et tisse des liens entre les êtres humains.



« Il est malaisé parfois de trouver le mot juste, l’attitude vraie, le geste approprié. Mais sourire ! C’est si facile... et cela arrange tant de choses ! » Ces mots de Guy de Larigaudie, écrivain et explorateur, qu’une lectrice nous a envoyés, illustre la puissance du sourire. Langage non verbal, mimique éloquente, le sourire apparaît chez l’être humain bien avant la parole. Déjà après sa naissance, le « sourire aux anges » détend le visage du bébé qui ressent un bien-être. à quelques semaines, il répond au sourire de sa mère.


Le sourire inné et content de l’enfant n’est pourtant qu’une des facettes du sourire. Loin du « smiley » stéréotypé de nos téléphones :-), le sourire, ce phénomène éphémère et silencieux, peut être aussi un sourire moqueur, cruel, signe du plaisir pervers de la domination.


Plus encore, comme le souligne Marie-Françoise Sales dans le livre - issu de sa thèse - Des sourires et des hommes. Une approche philosophique (Bayard), le sourire a aussi une dimension culturelle. Selon les régions du monde, il peut être interprété de manière très différente. « Par exemple en Norvège, sourire à un inconnu sera en général perçu comme une manifestation de la folie, explique l’auteur. Aux États-Unis au contraire, un large sourire est interprété comme un signe d’ouverture à l’autre. »


Selon une étude citée par le musée virtuel du Sourire - fondé par la critique d’art Alexia Guggémos -, dans laquelle les personnes devaient classer des photos de visages, les Allemands, les Suisses et les Philippins jugent que les visages souriants appartiennent à des personnes plus intelligentes que les autres. A l’inverse, les Japonais, les Iraniens et les Russes jugent que les visages souriants sont ceux de personnes peu intelligentes. Notons qu’au Japon, un sourire est conseillé pour alléger la peine de l’interlocuteur. Si on le faisait en France pour annoncer un décès, cela serait perçu différemment...


De fait, l’éducation compte beaucoup dans la dimension culturelle du sourire. En France, on enseigne aux enfants à dire bonjour si possible en souriant ; mais à ne pas sourire quand ils subissent une remontrance !


Il est vrai que le sourire est l’un des mouvements du visage qui peut être effectué de manière volontaire – ce qui n’est pas le cas quand on éternue ! Dès lors, se contraindre à sourire peut avoir une dimension éthique.


C’est le sens des propos de Guy de Larigaudie cités ci-dessus, ou encore de l’écrivain américain Dale Carnegie, auteur de ces propos dans son livre Comment se faire des amis : « Lorsque vous rencontrez quelqu’un de trop las pour vous donner un sourire, laissez-lui le vôtre. Car nul n’a plus besoin d’un sourire que celui qui n’en a plus à offrir ». On sourit ainsi pour répandre la joie autour de soi, à ses amis, à ses proches, parfois jusqu’à en avoir mal aux zygomatiques. C’est aussi le propos du pape François aux mariés en décembre dernier : « Votre conjoint a besoin de votre sourire ».


Car le sourire, loin d'être un « sous-rire », a cette merveilleuse faculté : secréter des hormones de plaisir, générer facilement le sourire chez l’autre grâce aux neurones miroirs, ouvrir les visages – il n’y a pas de sourire sans visage -, mettre en lien les personnes... Il y a un temps pour tout : un temps pour ne pas sourire et un temps... pour sourire. Au Ciel, nous aurons peut-être un sourire émerveillé : un sourire de Béatitude ! Solange Pinilla




Crédit photo : Tubarones Photo/Pexels.com CC

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