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Sophie-Marie : « Donner Jésus aux autres est ce qui fait ma joie ! »


Consacrée au sein de la communauté de l’Emmanuel, Sophie-Marie Drouineau travaille dans un établissement scolaire à Nantes, comme professeur de musique et coordinatrice en pastorale. Sa mission : recevoir le Christ dans la prière, pour le porter aux jeunes.

Pour Sophie-Marie Drouineau, l’appel à consacrer entièrement sa vie à Dieu a résonné très tôt. Elle a été élevée dans une famille chrétienne : « J’ai grandi avec la présence de l’amour de Dieu à mes côtés », nous raconte-t-elle de sa voix posée et souriante.

C’est lors d’un cours de catéchisme, où elle entend parler de saint François d’Assise et de sainte Claire, qu’elle entend une voix intérieure : « Et si Je t’appelais, qu’est-ce que tu dirais ? » Sophie-Marie pense alors : « J’ai envie de me marier et de fonder une famille, mais si je suis appelée, je dirai oui, car ce sera pour mon bonheur ».

Vers l’âge de 18 ans, Sophie-Marie continue d’avoir une véritable vie de prière : « Au fur et à mesure, Jésus m’attirait. Quand un garçon me déclarait ses sentiments, je répondais non, car j’avais l’impression que mon cœur était déjà pris par un amour plus grand. » Étudiante, elle répond à cet appel particulier, surnaturel, différent de la vocation naturelle au mariage. « J’ai alors rencontré des jeunes de la communauté de l’Emmanuel ; j’ai senti grâce à eux que je n’étais pas seule à vivre ma foi. Dans cette communauté, j’ai eu l’impression d’arriver chez moi. »

Paradoxalement, ce qui l’a frappée en arrivant, c’est la beauté du mariage chrétien à travers les couples qui y sont engagés. Puis a elle y vu des consacrées et a cheminé avec elles. « J’ai parfois eu le désir de me tourner vers une communauté contemplative, car j’aime beaucoup le silence, mais en priant et en discernant, j’ai vu mon appel ici, avec la possibilité de vivre la contemplation et le silence également au cœur du monde. »

Sophie-Marie est donc laïque consacrée, car la communauté de l’Emmanuel étant composée majoritairement de laïcs, les consacrées n’ont pas le statut de religieuses ; cependant de manière informelle on les appelle « sœurs ». « Nous ne prononçons pas de vœux religieux, mais sur le fond c’est la même chose », explique Sophie-Marie. Après dix années de discernement au sein de la communauté, en plusieurs étapes – accueil, formation et premier engagement -, elle a prononcé son engagement définitif en janvier 2015.

Elle s’est engagée à vivre en petite fraternité de sœurs – elles sont en général 3 à 5 -, dans un logement où se trouve une pièce dédiée à la prière. Les sœurs vivent la louange tous les matins, pas moins de deux heures de prière personnelle par jour – dont au moins une heure d’adoration -, la messe quotidienne, la vie fraternelle, avec parfois un invité à table. Elles ont aussi une mission en lien avec des personnes ayant d’autres états de vie : des jeunes, des couples, pour une formation en bioéthique ou encore le parcours Zachée sur la doctrine sociale de l’Église.

Le célibat pour le Royaume que vit Sophie-Marie a une signification particulière : « Les consacrés sont appelés à vivre sur terre ce qu’on vivra tous au Ciel, car notre vie sur terre ne s’arrête pas là ! Nous sommes un signe pour les autres que Dieu existe, et qu’il peut et veut combler notre cœur. » Elle ajoute : « Je vis cette union au Christ au quotidien pour le donner aux autres, par un sourire, une parole bienveillante, un témoignage, une invitation à prier... Donner Jésus aux autres est ce qui fait ma joie ! »

Comment vivre la dimension affective et sexuelle quand on est célibataire consacrée ? A cette question, Sophie-Marie répond : « Pendant le cheminement qui dure dix ans pour nous avant l’engagement définitif, Jésus prend le temps de nous faire avancer dans toutes les dimensions de notre être. En fait, c’est la grâce de Dieu liée à cet appel surnaturel qui me permet de vivre ce célibat, de saisir ma nature toute entière et de combler mon être. » Par ailleurs, « recevoir le corps du Christ lors de la messe quotidienne incarne le don réciproque. »

En ce qui concerne la vie affective, elle est aussi nourrie par la vie fraternelle avec les autres sœurs mais aussi avec les couples, les célibataires et les prêtres rencontrés régulièrement : « Nous sommes des frères et sœurs les uns pour les autres, comme une anticipation du Ciel à petite échelle. Il n’y a donc pas d’enjeu de séduction. »

Sophie-Marie a deux métiers : professeur de musique et coordinatrice en pastorale. Pratiquant la musique depuis l’enfance, elle a suivi des études de musicologie avant de passer le Capes. Actuellement, elle a seulement quatre heures de cours en classe de 6e. Sophie-Marie compose également des chants. Elle est en fait l’auteur de chants bien connus dans l’Église : « Tu fais ta demeure en nous Seigneur » ou « Jésus mon Roi » ! « Quand j’avais 14 ans, un cousin m’a appris à jouer de la guitare. J’ai alors commencé à composer des chants. Depuis, c’est un moyen d’exprimer ce que j’ai dans le cœur et de témoigner de ma foi par la musique. »

La consacrée a également choisi de coordonner la pastorale – c’est-à-dire les propositions spirituelles – au sein d’un collège et d’un lycée catholiques à Nantes. Elle anime des séances de catéchisme et de culture chrétienne et religieuse. « Cela me passionne. J’ai un grand désir : leur annoncer que Dieu les aime et leur apprendre à prier. »

Quand les jeunes prennent connaissance qu’elle est consacrée, il n’ont pas de réaction négative car ils sont de moins en moins nombreux à connaître cet état de vie. « Pour quelqu’un qui n’a pas la foi, cela reste un mystère incompréhensible. »

Il y a quelques années, la directrice du collège a appelé Sophie-Marie car un jeune garçon faisait une crise de violence. Il faisait partie d’un groupe de catéchisme qu’elle avait emmené la veille à l’église ; ce garçon avait pioché une Parole de Dieu. Sophie-Marie a dit au jeune très perturbé : « Quelle parole as-tu reçue hier ? » Il a répondu : « Tournez-vous vers moi et vous serez sauvés », puis s’est complètement apaisé. « La Parole de Dieu a été efficace... », conclut la consacrée.

Le principal défi que rencontre Sophie-Marie dans son état de vie concerne la régularité dans la prière : « Quand on est au cœur du monde, on peut vite être pris par le rythme du travail et des missions. Garder les deux heures de prière est très important pour puiser à la source. Recevoir et écouter le Christ est indispensable, sinon ma mission serait stérile. » Solange Pinilla

Photo @Brigitte Delibes Photographie

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