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Se reconstruire après une rupture


Chagrin d’amour, peine de cœur, séparation... Que l’on ait 16 ans, 35 ans ou plus, la rupture amoureuse – on se limitera ici à celle de personnes non engagées dans le mariage – n’est jamais anodine. Il faut prendre un temps de deuil pour que la blessure ne resurgisse pas plus tard. Entretien avec Bénédicte de Dinechin, conseillère conjugale et familiale et animatrice d’ateliers sur l’estime de soi.


Pourquoi la rupture amoureuse est-elle si douloureuse, que l’on soit celui qui part ou celui qui reste ?

Ce n’est pas la même chose pour l’un et pour l’autre. Pour celui qui part, cela peut être un soulagement ; son cœur saigne, mais sa tête approuve. Pour celui qui se voit imposer la décision, c’est souvent un tsunami. Il y a un deuil à faire, qui réveille d’anciens deuils non faits. Cela peut réactiver notamment les premières séparations d’avec la mère ou des blessures d’abandon qui ont suscité un sentiment d’insécurité. De plus, si l’amoureux part sans rejoindre une autre personne, on peut avoir l’impression d’être « moins que rien ».

Comment se reconstruire après une rupture ?

Comme on le voit dans les étapes du deuil de Jean Monbourquette (voir ci-dessous), il est important d’accueillir sa tristesse, sa colère, sa culpabilité, de mettre des mots sur les maux et de pouvoir en parler avec une ou deux personnes de confiance. Sinon, cette souffrance va ressortir, par exemple en se consolant avec l’amoureux suivant ; je connais une femme qui ayant vécu une rupture, a épousé par dépit le premier homme qui l’a demandée en mariage par la suite.

Si le deuil n’est pas guéri, il peut se transformer en dépression, en agressivité, en vengeance ou encore en burn-out. On va s’interdire d’être heureux. Il ne faut pas faire une généralisation à partir d’un échec.

On peut aussi se demander ce qui souffre le plus en nous : le cœur, l’intelligence, ou le corps en manque ? J’ai ainsi rencontré un jeune homme de 18 ans qui avait ouvert son cœur à une jeune fille en lui déclarant ses sentiments ; celle-ci lui avait répondu qu’elle le considérait seulement comme un ami. Son cœur ayant été blessé la première fois qu’il avait été mis à nu, ce jeune homme risquait de l’enfermer dans une carapace et d’avoir ensuite des relations purement sexuelles.

De plus, après une rupture, il est important de continuer à voir des amis et mettre de la légèreté dans sa vie. Se rappeler sa valeur est également important, par exemple en prenant soin de soi, de son corps.

Y a-t-il malgré tout quelque chose de positif à la rupture amoureuse ?

On peut se demander en quoi cette perte nous fait grandir : « Qu’est-ce que je fais de ce qu’on m’a fait ? » Cela peut permettre de mieux se connaître : par exemple, deux jeunes gens ont rompu car leurs visions de la vie et la hiérarchie de leurs valeurs étaient incompatibles – carrière pour lui, engagements nombreux pour elle. La rupture peut aussi donner l’occasion de se mettre davantage en relation avec les autres. Une blessure est l’inverse d’une terre trop dure : elle peut être irriguée et féconde, si elle a été d’abord guérie.

Si un adolescent vit un chagrin d’amour, comment l’accompagner en tant que parent ?

A titre personnel, j’ai dit à mes enfants : « Tu me racontes uniquement ce que tu souhaites. Si tu as un chagrin et que tu as besoin plus particulièrement d’affection et d’attentions, tu n’as pas besoin de m’en donner la raison. » En tant que parent, on est très impliqué émotionnellement, donc mieux vaut garder une juste distance par rapport à la vie de nos adolescents. • Propos recueillis par Solange Pinilla

Les 7 étapes du deuil de Jean Monbourquette


1 Le choc 2 Le déni 3 L’expression des émotions et des sentiments 4 La réalisation des tâches rattachées au deuil 5 La découverte du sens de la perte 6 Le pardon 7 La prise de possession de son héritage Et la célébration de la fin du deuil. (Source : Aimer, perdre et grandir - éditions Bayard)

Article paru dans Zélie n°16 (Janvier 2017)


A lire aussi > "Se reconstruire après une séparation ou un divorce", en pages 23 et 24 du numéro de juin 2022




Crédit photo : Lukasz Jakubowski /Freestocks.org CC

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