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Odile de Vasselot, intrépide résistante



Au cœur d’une France écrasée par la débâcle, comme des millions d’autres personnes en 1940, Odile de Vasselot, une jeune femme de dix-huit ans, écoute avec sa mère l’appel du maréchal Pétain à cesser le combat. Pour Odile, fille d’officier de cavalerie récemment fait prisonnier, c’est un effondrement. La défaite n’est pas acceptable. Le lendemain, modulant les fréquences radio, elle capte la BBC et y écoute l’appel du général de Gaulle à poursuivre la lutte.


De Gaulle est pour Odile un nom évocateur. Depuis des années, son grand-père, le général de Cugnac, vante son raisonnement sur les blindés. Son père a également connu de Gaulle à Metz peu avant la guerre.


Odile de Vasselot gagne Paris avec sa mère pour s’installer chez ses grands-parents maternels. Elle a pris sa décision. Elle résistera. C’est l’un de ces destins émouvants que raconte Jean-Paul Lefebvre-Filleau dans son passionnant livre Femmes de la Résistance (éditions du Rocher).


Elle mène d’abord des actions isolées, lacérant les affiches allemandes, écrivant des commentaires sur celles des partis collaborationnistes et semant par terre des morceaux de papier taillés en croix de Lorraine. Le 11 novembre 1940, elle est sur les Champs-Elysées avec les étudiants pour honorer la tombe du soldat inconnu en dépit du couvre-feu.


Enfin, après deux ans, elle est appelée en décembre 1942 par « Madame Poirier », membre d’un réseau de renseignement qui transmet des informations aux Britanniques de la Belgique à l’Espagne. Odile portera désormais le courrier de la Résistance, de Paris à Toulouse. Cachant son activité à sa mère, Odile fera la navette jusqu’en avril 1943, date à laquelle son réseau, trahi par des agents doubles infiltrés, est démantelé par la Gestapo. Odile échappe de peu à l’arrestation et rejoint Paris.


Elle rejoint le réseau Comète, partiellement coordonné par le père jésuite Michel Riquet, qui assure le passage de Belgique en France, puis en Angleterre, de pilotes britanniques dont l’avion a été abattu en opération aux Pays-Bas ou en Belgique. La jeune femme assurera les transferts de la Belgique jusqu’à Paris, devant accompagner les aviateurs et les guider sans jamais se faire remarquer directement avec eux. Plusieurs fois, elle risque sa vie. Comète est infiltré et détruit par la Gestapo en janvier 1944. Échappant de peu à l’arrestation, Odile de Vasselot rejoint à nouveau un réseau de transfert de courrier.


Découverte par les Allemands, Odile quitte le domicile familial en juillet 1944 et se réfugie chez une amie. En août 1944, c’est l’insurrection de Paris. Pour Odile de Vasselot, la guerre ne s’arrête pas. Elle doit rejoindre le nord pour porter de nouveaux messages. Filant vers les lignes allemandes à bicyclette, on la prend pour une collaboratrice. La police l’arrête, l’interne plusieurs jours Quai des Orfèvres. Elle est libérée grâce à l’intervention de ses supérieurs dans la Résistance.


La guerre terminée, Odile de Vasselot reprend la vie ordinaire d’une jeune femme de son milieu et de son époque. Suivant des études d’histoire à la Sorbonne, elle commence à enseigner dans les établissements fondés par Madeleine Daniélou (lire sa vie dans Zélie n°47, p. 21) et les sœurs de la communauté Saint-François-Xavier. Après un temps à Sainte-Marie de Neuilly, elle rejoint la communauté et est envoyée fonder un établissement à Abidjan, en 1962. Elle restera plus de trente ans en Côte d’Ivoire.


Toujours vivante, à 98 ans, Odile de Vasselot témoigne régulièrement de son engagement dans la résistance pour une France libre. Gabriel Privat



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Photo © Coll. privée, 1945.

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