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Sophie Galitzine : « Le mouvement exprime le lien entre terre et ciel »


Comédienne, Sophie Galitzine est l’auteur de deux spectacles de théâtre dansé. Elle est aussi art-thérapeute et masseuse.

« Petite fille, j’aimais beaucoup danser », raconte Sophie Galitzine, quadra souriante dont la chevelure blonde rappelle les origines paternelles russes. Adolescente, elle arrête de danser car elle a « peur de séduire » après avoir senti le regard non ajusté d’adultes sur sa danse. Il y a une douzaine d’années, Sophie est retournée vers la danse en devenant art-thérapeute ; elle propose une psychothérapie grâce à la danse et au théâtre.

En 2015, Sophie écrit et interprète un seul-en-scène dansé, Je danserai pour toi, qui raconte à travers l’histoire de Louison sa propre conversion au christianisme. Puis en 2019, c’est la suite : Le fruit de nos entrailles, qui évoque l’itinéraire d’un couple (voir Zélie n°38, p. 23). Ces deux spectacles sont actuellement à l’affiche au théâtre Lepic à Paris (18e arrondissement) jusqu’au 21 mars 2020.

« Pour moi, la danse est un outil pour raconter une histoire, et mettre en forme à l’extérieur ce qui m’habite à l’intérieur : ce qui est enfoui, la part d’imaginaire – ou encore Dieu », affirme Sophie. La jeune femme, bien qu’ayant brièvement pratiqué la danse classique, la danse contemporaine et le hip-hop pendant son adolescence, n’utilise pas de technique particulière. Elle pratique plutôt une danse libre qui comporte beaucoup d’improvisation.

Dans les spectacles de Sophie Galitzine, la danse raconte « un univers, une émotion, un rythme ». Un mouvement d’abandon intérieur la fera ployer vers le sol, un autre d’ouverture ou de fermeture exprimera la colère ou le chagrin... Pour Sophie, la danse commence par un temps où elle laisse couler, puis émerger, avant de structurer les mouvements. Elle s’inspire du style « danse-théâtre » initié notamment par la chorégraphe allemande Pina Bausch. Par rapport au seul jeu de comédienne, Sophie perçoit que la danse apporte une émotion plus profonde, plus délicate, et permet d’aller plus loin.

Plus encore, la danse permet de mieux habiter son corps créé par Dieu, et de mieux Le rejoindre : « Au moment de ma conversion, j’ai eu l’impression de trop monter dans le spirituel et dans quelque chose de désincarné. Dans mon spectacle Je danserai pour toi, je raconte Dieu par la chair et le corps. Car en Jésus, Dieu est aussi un homme et un corps. Dans le spectacle, le corps soutient le texte. L’une des personnes qui m’a beaucoup parlé du Christ au moment de ma conversion est un ancien danseur, qui évoquait le mouvement, le souffle et le rythme présents dans l’évangile. »

Pour Sophie, la foi exprime la joie d’être en vie, en relation et la joie de la chair. La Bible évoque souvent l’exultation de la joie : « Louez-le par la danse et le tambour ! » (Psaume 150). « La danse a toujours été utilisée pour célébrer, guérir, et pour les rites de passage. Le mouvement exprime le lien entre terre et ciel ! »

La danse apporte également un meilleur accès aux émotions : « Dans le mouvement, il y a quelque chose qui descend, qui me met en contact avec mes émotions, davantage que lorsque je parle. La danse appelle aussi à faire silence : cela enlève les « couches » qui enveloppent nos émotions. » Sophie cite un de ses patients, « un père de famille de 50 ans, fils de militaire », qui avait envie de danser à la messe, et n’hésite désormais plus à danser chez lui sur de la musique : « Cela lui donne accès à sa sensibilité ».

Cette porte d’entrée est utilisée par la danse-thérapie, à laquelle Sophie s’est formée : « La danse ouvre la porte du côté plus intuitif, émotionnel, du cerveau droit. » Lors d’une séance de danse-thérapie, qui dure une heure – située soit dans une psychothérapie de long terme, soit pendant quelques séances sur un sujet précis –, on commence par la « météo du jour », ce avec quoi la personne arrive. « Puis on va tirer le fil d’une situation : un souvenir, un comportement à transformer, une addiction, une blessure... »

Ensuite, on représente une situation à explorer, grâce des craies sur une feuille blanche, dans un dessin figuratif ou non figuratif. La thérapeute montre des endroits sur le dessin, pendant que le patient danse librement, se laisse contacter par ces portes et revisite la situation et les émotions qui en sortent – de la colère par exemple. Après un temps de relaxation, la thérapeute et le patient reviennent sur ce qui est apparu.

Ainsi, une femme venue pour un problème d’anorexie, après une séance de danse-thérapie, a eu accès à un souvenir oublié d’agression sexuelle dont elle s’était protégée par le déni, et qui l’avait amenée à retourner la haine contre son corps. Un vendredi par mois, Sophie propose également aux femmes un atelier « Danse, dessin et écriture » à Paris.

Le deuxième spectacle de Sophie Galitzine, Le fruit de nos entrailles, où elle joue avec un comédien (photo), évoque l’histoire d’un couple, de ses joies et de ses difficultés. Par rapport à la danse seule, danser à deux est différent : « C’est plus confrontant, plus intimidant, plus pudique. Cependant, l’autre va m’inspirer ; en effet, le dialogue improvisé suscite des réponses, invite à se positionner différemment ; c’est donc aussi plus nourrissant. Je trouve intéressant de ne pas se regarder dans les yeux, car cela enferme dans la fusion, mais d’écouter avec tout le corps. »

La danse est souvent associée à la séduction, mais Sophie propose de faire un pas de côté : « Pour ne pas s’enfermer dans une simple histoire de séduction, on peut essayer de voir comment la danse peut nous permettre de voir l’autre de manière plus globale, avec son mystère. Cela dit, nous sommes humains et le corps est sensuel ; jouer une histoire d’amour avec le même comédien pendant trois mois n’est pas anodin. Il faut être conscient des limites. Il est également important de sentir en face de soi, comme partenaire de danse, un homme déjà bien aligné ! Pour cette reprise, mon partenaire Mehdi Djaadi est d’origine algérienne ; il est libre et décomplexé dans sa danse, comme souvent le sont les Orientaux, ce qui m’amène à expérimenter cela en dansant avec lui. »

Afin de mieux se mettre en mouvement dans la vie quotidienne, Sophie conseille de se tenir de façon moins raide et plus fluide : détendre la nuque, respirer avec le ventre, revenir à l’intérieur. « On peut mettre de la musique à la maison, danser seule ou avec ses proches, notamment avant un coup de fil stressant ou une tâche ennuyeuse. Cela apporte plus de mouvement, de joie et de fluidité. Pour cela, il n’y a pas besoin de cours de danse ! »

Sophie cite une fin de week-end où elle revenait chez elle et craignait de voir la maison désorganisée : « Au lieu de faire des reproches à mon mari, je lui ai proposé de danser, et nous avons rangé ensemble ensuite. » La danse permet de déplacer les situations ! Solange Pinilla

Sophie Galitzine animera une retraite « Danse et prière », les 28-29 mars 2020 à Joigny (89).

Lire le reste du dossier sur la danse dans Zélie n°48 - Janvier 2020

Crédits photos - Photos 1 et 3 : © Cybèle Desarnauts. Photo 2 : © Nathanaël Deluz

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