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L'éthique sans les tocs


A gauche : Les petites jupes de Prune. En haut à droite : Natural World. En bas : Kipluzet.

Voici un sujet qui me tient à cœur, et que mon entourage connaît malgré lui : « bien s’habiller ». « Mais qu’est-ce qu’elle dit ? » Eh bien c’est comme la nourriture ; oui, ces temps-ci, cela m’obsède : manger c’est bien, manger bio c’est mieux ! La coupe, la longueur, le décolleté, les motifs, cela nous paraît essentiel... Mais quid des tissus utilisés pour nous embellir ? Des procédés de fabrication ? Je sais, nous préférons ne pas y penser et dire : « Oui, mais je n’ai pas les moyens... ». Loin de vouloir donner des leçons, je veux simplement vous avertir des dangers de la mode actuelle et vous montrer qu’il y a des solutions !

La première chose que je fais quand un vêtement me fait de l’œil dans un magasin – eh oui ! je plais beaucoup ! –, c’est regarder son identité, son étiquette. Les « made in PRC », Bangladesh, Pakistan par exemple, ne sont pas vraiment synonymes de commerce équitable. Ils viennent de très loin, et leurs méthodes de fabrication sont assez discutables : l’effondrement du Rana Plaza au Bengladesh il y a six ans et ses 1100 morts ont ému quelque temps, mais les conditions de travail n’ont pas changé pour ce qui est des grosses marques. Donc, quand on achète une paire de Converse, ou d’Adidas, ou une robe H & M ou Primark, on cautionne le travail d’enfants, le salaire d’un euro l’heure pour des ouvriers payés à la minute, et qui risquent leur santé en respirant des substances toxiques.

Si la pièce qui vous intéresse se trouve soldée seulement un mois après son arrivée en boutique, soyez sûre que la marque se fait une marge démesurée et que cette pièce a peu coûté. Or, le travail et la qualité ont un coût. On n’a rien sans rien. Voilà pour le côté moral, ou éthique comme on dit.

Ensuite, il faut se pencher sur la qualité de ce vêtement : la toxicité de ce que nous portons sur notre peau, avec perturbateurs endocriniens et compagnie, et l’impact que la fabrication de telle ou telle matière ou teinture peut avoir sur l’environnement. Selon un rapport de Greenpeace de 2012, « même si la concentration en substances toxiques de chaque vêtement peut sembler limitée, au regard du nombre d’articles textiles qui circulent sur la planète, les quantités de produits toxiques qui finissent par être rejetées et s’accumulent dans l’environnement sont colossales ».

Je peux difficilement écrire un article détaillé sur le sujet en une seule page ; seulement retenez qu’il vaut mieux privilégier le lin au coton par exemple – le coton demande énormément d’eau –, et que des fibres recyclées (même synthétiques) peuvent avoir un impact écologique moins nocif pour l’environnement que la fabrication de nouvelles fibres naturelles. Si vous êtes dubitative à propos des substances toxiques, il suffit d’entrer chez Chaussea ou assimilé : l’odeur y est, je trouve, insoutenable !

Les trois choses à vérifier sont donc : la matière, la provenance, et les conditions de fabrication. Bien entendu, je soutiens le made in France, c’est mon petit côté Montebourg, je rappelle d’ailleurs que ça ne coûte pas nécessairement un bras (lire l’article « Cocorico ! » dans Zélie n°8), mais je conseille au moins la fabrication européenne ! Fuyez le made in China ! De grâce ! Depuis quelques années, plusieurs marques se sont créées en réaction à cette mode complètement immorale du « toujours plus ». Nous avons donc de plus en plus de choix. Nombre d’entre elles sont répertoriées sur le site SloWeAre. Je vous conseille d’ailleurs leurs articles fort intéressants sur ce sujet.

Vous voulez des tennis blanches ? Prenez des Veja. Oui, mais vous aimez beaucoup les converses ? Choisissez des Ethletic ! Des top en lin pour l’été ? Allez voir chez Kipluzet. Vous craquez pour la veste en denim tendance ? Cherchez-la dans les friperies ! L’été arrive, et avec lui la folie des bensimon ? Et si vous regardiez plutôt du côté de Natural World ? Pour vos jeans, bien sûr c’est 1083. Et tellement d’autres ! Aux mêmes prix que ceux du prêt-à porter connu, qui fait des marges colossales et dépense énormément en publicité.

Il est temps d’agir. En tous les cas, il est temps de nous renseigner. Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les terribles conséquences de l’industrie de la mode, et c’est une styliste qui parle... Nous avons la chance d’avoir de nombreux entrepreneurs qui osent créer autrement. Soutenons-les comme nous soutenons nos agriculteurs ou notre maraîcher, c’est notre avenir qui en dépend. Nous respirons suffisamment de pétrole pour ne pas nous en rajouter sur le dos ! Soyons « green », « super green »... Lucie Morin, styliste

Lire le reste de Zélie n°40 - Avril 2019

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