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Mieux connaître et aimer Marie


Pour tisser un lien avec la Sainte Vierge, mieux la connaître est précieux. La théologie mariale peut nous y aider, tandis que le culte marial manifeste la foi des fidèles au sujet de Marie.

« Non, ce n’est pas cela », répondit sainte Bernadette quand on lui présenta la statue de la Vierge d’après ses descriptions de la belle Dame de Lourdes. C’est certain, Marie n’est pas une statue de plâtre, mais une femme vivante. Plus encore, « Marie brille d’une lumière qui ne vient pas d’elle et ne s’arrête pas à elle », souligne Georgette Blaquière dans L’Evangile de Marie (EdB). « Elle en est traversée à la manière d’un vitrail qui fait chanter la lumière et nous la transmet vivante et glorieuse, ajoute-t-elle. Or, d’emblée, il faut que nous le sachions : nous sommes appelés nous aussi à devenir miroir de la gloire de Dieu ».

Pour quitter la vision trop sulpicienne de la Vierge Marie, debout sur un nuage, un peu désincarnée, il est bon de se rappeler les étapes de sa vie terrestre. C’est ce que fait notamment la prière du rosaire, de l’Annonciation au couronnement de Marie au Ciel, en passant par la naissance de Jésus – sans oublier la présence de saint Joseph –, les noces de Cana et la mort de Jésus sur la croix.

Mieux connaître Marie se vit par la lecture des évangiles. Celle de biographies plus romancées de Marie, comme Marie, mon secret, conversation avec la Vierge du Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine (Artège poche) ou Je m’appelle Marie d’Elisabeth Bourgois (Cerf), peuvent également aider, par la compréhension de ce que Marie a pu ressentir, à entrer dans le mystère de la Mère de Dieu.

Toutefois, on ne peut faire l’économie de la théologie mariale – ou mariologie –, qui nous permet de mieux connaître la place de la Vierge Marie par rapport à Dieu. En effet, « ce que la foi catholique croit au sujet de Marie se fonde sur ce qu’elle croit au sujet du Christ, mais ce qu’elle enseigne sur Marie éclaire à son tour sa foi au Christ », explique le Catéchisme de l’Eglise catholique (1).

Tout au long de son histoire, l’église a réfléchi aux questions théologiques que pose l’identité de Marie. En 431, le concile d’Ephèse proclame « Marie, Mère de Dieu » (Theotokos), condamnant la thèse de Nestorius selon laquelle la Vierge Marie serait seulement la mère de l’homme, Jésus. Marie est Mère de Dieu car Jésus est indissociablement vrai homme et vrai Dieu. « A la Toute-Puissance de Dieu, Marie fait don de la toute-faiblesse de l’homme » souligne Georgette Blaquière.

Pour autant, la maternité divine de Marie a quelque chose de vertigineux : Dieu, tout-puissant, peut-il avoir une mère ? « Il peut y avoir quelque chose de choquant dans la parole « Marie, Mère de Dieu », affirme le Père Jean-Pierre Caloz, oblat de Marie Immaculée, dans une émission de KTO. On la comprend quand on comprend combien l’Incarnation a été un grand « dérangement » pour le Verbe, pour le Fils de Dieu. Saint Paul dit qu’il s’est « annihilé » en épousant l’humanité. Il y a un commencement en Dieu, dans l’Incarnation. »

Le deuxième dogme marial est celui de la virginité perpétuelle de Marie, proclamé au synode de Latran en 649. Marie est vierge – mais non ignorante, elle qui dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? » (2). Le fait que Marie soit vierge et mère est un signe de la toute-puissance de Dieu, lui qui avait rendu fécond des femmes stériles telles qu’Elisabeth, cousine de la Sainte Vierge.

Marie est également restée vierge après la naissance de son Fils : « La naissance était non la perte mais la consécration de son intégrité virginale » (3). On voit là encore qu’il s’agit de la fécondité de Marie sans médiation autre que celle de Dieu ; il s’agit d’une « œuvre divine qui dépasse toute compréhension et toute possibilité humaines » (4).

Puis, en 1854, Pie IX a défini le dogme de l’Immaculée Conception. Marie a été préservée pure de toute souillure du péché originel, par anticipation des mérites de son Fils Jésus. Sa vie intérieure correspond en quelque sorte à celle que l’homme aurait dû avoir, s’il n’y avait pas eu le péché originel. Marie est à la frontière entre l’ancien et le nouveau temps, avant et après le salut par le Christ. « Marie est le pont entre Anne et Jésus, entre le Vieux monde et le monde Nouveau, raconte le Père Serge Bonnet, dominicain, en commentant une statue médiévale représentant Anne tenant Marie qui tient Jésus, dans Marie mère de Dieu (Fayard). On peut dire aussi que Marie fille d’Anne est aussi fille d’Ève, mais c’est une nouvelle Ève, une Ève sans péché. »

Enfin en 1950, Pie XII proclame le dogme de l’Assomption, qui répond à cette question : qu’est devenu le corps de Marie après la fin de son pèlerinage terrestre ? Or, préservé du péché originel, le corps de la Vierge a donc échappé à la corruption de la mort et Marie a été élevée au Ciel par Dieu.

A distinguer du contenu de la foi mariale exprimée par l’église, se trouvent les formes de piété par lesquelles le peuple de Dieu manifeste cette foi.

L’Eglise a précisé le champ du culte à Marie - également appelé « hyperdulie », en rapport avec le culte aux saints et aux anges, « dulie » : « Aucune créature en effet ne peut jamais être mise sur le même pied que le Verbe incarné et rédempteur. Mais tout comme le sacerdoce du Christ est participé sous des formes diverses, (...) ainsi l’unique médiation du Rédempteur n’exclut pas, mais suscite au contraire une coopération variée de la part des créatures, en dépendance de l’unique source. Ce rôle subordonné de Marie, l’Église le professe sans hésitation ; elle ne cesse d’en faire l’expérience ; elle le recommande au cœur des fidèles pour que cet appui et ce secours maternels les aident à s’attacher plus intimement au Médiateur et Sauveur. » (5)

La prière à Marie peut s’exprimer par le rosaire, l’Angélus, les neuvaines ou encore les pèlerinages. Concernant les apparitions de la Vierge Marie, l’église en a reconnu quelques-unes, notamment Guadalupe (Mexique), Le Laus, Paris rue du Bac, Rome, La Salette, Lourdes, Champion (états-Unis), Pontmain, Pellevoisin, Gietrzwald (Pologne), Knock (Irlande), Fatima, Beauraing, Banneux, Amsterdam, L’Île-Bouchard, Akita (Japon), Betania (Venezuela), Kibeho (Rwanda) ou encore San Nicolas de los Arroyos (Argentine).

Cependant, le Catéchisme précise que, même reconnues par l’église, les révélations privées n’appartiennent pas au dépôt de la foi (6). Elles ne complètent pas la Révélation définitive du Christ, mais aident à en vivre plus pleinement à une certaine époque de l’histoire.

Enfin, Marie de Nazareth est la femme la plus représentée dans l’art occidental. On observe une évolution, des vierges romanes hiératiques qui représentent surtout Marie comme mère de Dieu, à une Vierge plus humaine, plus proche, à partir du XIIe siècle, empruntant au passage les vêtements des femmes du temps de l’artiste, et jusqu’aux Vierges plus modernes. Une des plus récentes en France est celle de « Marie qui guérit les couples », réalisée par Gauthier Courtin et installée en février 2018 dans l’église paroissiale de Solesmes (Sarthe).

Du Magnificat au Stabat Mater, en passant par les litanies de la Vierge, Marie a inspiré les compositeurs, et les poètes. « À Celle qui est pleine de grâce. / Parce qu’Elle est avec nous. / À Celle qui est avec nous. / Parce que le Seigneur est avec Elle. » (Charles Péguy) Solange Pinilla

(1) Paragraphe 487. (2) Luc 1, 34. (3) Lumen Gentium 57. (4) CEC 497. (5) Lumen Gentium 62. (6) cf. CEC 67.

Photo Alessandro Allori/Wikimedia commons CC

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