Sainte Lucie, la porteuse de lumière
Lucie appartient à une famille noble et riche de Syracuse, en Sicile. Euthychie, sa mère, l’élève dans la religion chrétienne. Pourtant, elle la promet à un jeune noble païen. Puis elle tombe gravement malade.
Alors, Lucie propose à sa mère d’aller à Catane sur le tombeau de sainte Agathe, afin de prier pour sa guérison. A cette occasion, elle entend la sainte lui dire : « Pourquoi viens-tu me demander ce que tu pourras bientôt accorder toi-même à ta mère ? »
Juste prémonition de la sainteté future de Lucie ! Euthychie est guérie et, reconnaissante, s’emploie avec sa fille à distribuer ses immenses richesses aux pauvres, et à racheter des captifs. Lucie n’hésite plus à avouer à sa mère qu’elle veut se consacrer à Dieu. En apprenant cela, le prétendant éconduit entre dans une colère noire.
« Pourquoi tenez-vous tellement à moi ? » lui demande Lucie. « Vos yeux ! » répond-il. Alors, elle les arrache et les lui offre. La Vierge Marie lui rend aussitôt la vue avec des yeux encore plus beaux. Pour se venger, le fiancé accuse Lucie d’être chrétienne devant le proconsul Pascasius. Or, nous sommes entre l’an 304 et l’an 310 et la grande persécution des chrétiens ordonnée par l’empereur Dioclétien se déchaîne.
Lucie, avec courage, porte la nuit des vivres aux chrétiens qui se cachent. Pour avoir les mains libres, elle se coiffe d’une couronne de bougies allumées. Quand elle comparaît devant le tribunal de Pascasius, elle lui tient tête avec fermeté. Rendu furieux, le proconsul ordonne de la conduire dans une maison de débauche.
Mais le corps de la jeune fille devient si lourd que nul ne peut le soulever. Elle est donc condamnée à être livrée au feu. Or, les flammes l’entourent sans lui causer la moindre brûlure. Elle est finalement exécutée d’un coup d’épée.
Dans les pays scandinaves, pour illuminer la longue nuit de décembre et se protéger des esprits malins, une adolescente est choisie et représente sainte Lucie, la porteuse de lumière. On la coiffe d’une couronne de bougies, elle porte une longue robe blanche ceinturée de rouge.
Pour la circonstance, on cuit des biscuits au gingembre en forme d’étoiles et des petits pains au safran, les lussebullar. Le 12 décembre au soir, Lucie, accompagnée de ses demoiselles d’honneur et de garçons vêtus de blanc, visite les maisons de retraite, les hôpitaux, et distribue ses gâteaux tout en entonnant des chants de Noël.
Au Danemark, la tradition est de s’éclairer à la bougie dans la nuit du 13 décembre. En Hongrie, le 13 décembre est le jour de la bénédiction des moissons. En souvenir de Lucie qui a sauvé son pays d’une famine, les enfants passent de maison en maison, étendent de la paille sur le seuil et prient à genoux pour chaque famille. • Mauricette Vial-Andru
Article paru dans Zélie n°25 (Décembre 2017)
Crédit photo : Jacopo Palma il Giovane/Wikimedia commons CC